Le privilège, voilà le mal de la France, me dit Jean-Pierre Schmitt. Soudain, me vient une nouvelle interprétation de l'histoire de l'Etat français de Pierre Rosanvallon !
Cette histoire a pour moteur la lutte contre le privilège. Et ce privilège est celui des "corps intermédiaires". Les corporations, les syndicats, l'administration, l'Eglise, jadis... Et voilà mon idée. Nous sommes libéraux. Nous voulons que les hommes soient libres. Or, l'homme libre est souvent égoïste. Il privilégie son intérêt à court terme. Du coup, dès qu'il met la main sur un goulot d'étranglement social, il profite de sa position pour nous rançonner. C'est pourquoi le pays ne peut pas avoir de corps intermédiaire. Et c'est pourquoi la France est toujours dysfonctionnelle. Car, pour exécuter la volonté collective, il faut des intermédiaires. Comme je le constate, atterré, notre pays est fait de dirigeants qui hurlent et d'exécutants qui se débrouillent comme ils peuvent, dans le stress et le plus grand des bazars. Et rien, au milieu, pour coordonner leur mouvement.
Je me demande d'ailleurs si l'évolution de l'Education nationale ne fournit pas un exemple de ce que je viens de dire. L'enseignant a bloqué l'ascenseur social, en promouvant l'égalité par l'incompétence, mais surtout, il a propulsé ses propres enfants dans les meilleures écoles. Et que dire de nos syndicats, de nos garçons de café, de nos plombiers...? Dès qu'un Français a un rien de pouvoir il s'y accroche comme un Pitt Bull. Mais nous ne sommes pas seuls. Mêmes causes, mêmes effets. Les USA sont nos frères. Là-bas, "bureaucratie" est une insulte. Elle ne sert que ses intérêts. Du coup, l'administration est renouvelée avec chaque nouveau pouvoir politique. Et le livre de Pierre Rosanvallon dit que, longtemps, la France a procédé de même. Par des purges.
La dysfonction sociale est-elle la contrepartie de la liberté ? Mais trop de liberté est-il bon pour la santé ?
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