Notre élite aurait formé un "système", qui se serait dégagé du "système nation", et qui le parasiterait. Voilà la modélisation que je tire de l'Oligarchie des incapables. Suite de ma réflexion sur le sujet. Où j'en arrive à me demander : comment améliorer les choses ?
L'élite comme système de transport
Mon raisonnement s'appuie sur la théorie de Chester Barnard, pour commencer. (BARNARD, Chester, The Functions of the Executive, Harvard University Press, 2005.) Pour lui l'entreprise, mais cela me semble vrai pour tout groupe humain, est faite "d'executives" et de "non executives". Les seconds créent, les premiers sont la colonne vertébrale informationnelle de l'entreprise. Les seconds sont poussés par leur intérêt propre, les premiers, par l'intérêt collectif.
Si l'on accepte ce modèle, une "élite" serait le "tuyau" qui permet de véhiculer le contenu produit par l'activité collective. Mais elle se serait détournée de sa mission faute de contrôle. Ce qui semblerait dire que la grande déréglementation des dernières décennies visait surtout à libérer "l'élite" de ses responsabilités. Elle utilise désormais sa position en pouvoir de nuisance. Les Allemands parlent de "Platform Kapitalismus". Ils pensent à Internet, mais cela paraît s'appliquer à une stratégie générale : il s'agit de maîtriser certains nœuds critiques d'échange pour y installer un péage. C'est le principe qui explique l'installation de châteaux le long du Rhin.
Comment remettre "l'élite" au pas ? Travaux d'Elinor Ostrom : les tuyaux sociaux sont des "biens communs". On peut aussi penser aux principes de l'économie sociale : le Schtroumpf. Faire occuper les fonctions de l'élite à temps partiel, et sur des durées courtes, par des citoyens ordinaires. Explication. Un dirigeant me semble avoir deux fonctions 1) administrer ; 2) changer. Pour l'administration, il ne faut probablement pas un grand talent. En simplifiant ce qu'on lui demande, et en formant un peu le citoyen, je me demande si beaucoup de gens ne sauraient pas remplir cette fonction. (Sélection par tirage au sort ?) Quant au changement, il me semble ressembler à ce que dit Eric Minnaert des Pygmées. Le changement qui réussit est celui qui correspond à une aspiration collective. Alors, il est facile à mettre en oeuvre. S'il est bloqué aujourd'hui, c'est, probablement, parce que celui que l'on veut nous imposer ne correspond pas à nos intérêts. Donc, le bon dirigeant est celui qui est capable de formuler de manière intelligente ce que "veut" la nation. C'est peut-être le de Gaulle de la guerre, ou de 58. Mais pas celui de 68.
Tout ceci serait certainement facilité par la "révolution" numérique. Elle pourrait produire une simplification de la société qui la rende plus facilement gouvernable qu'aujourd'hui.
Reconnecter l'élite au peuple
Comment conduire le changement ? Il me semble qu'il faut résister à la tentation de condamner l'élite au peloton d'exécution. La théorie de la complexité pourrait y pousser : elle dit que le changement vient d'en bas. Cependant, ce n'est pas pour autant qu'il condamne le haut. Le cercle vicieux qui nous a conduit à la situation actuelle paraît être un isolement de plus en plus complet de l'élite par rapport à la population. Il semble fidèle aux lois de la systémique de penser qu'il faut prendre le phénomène à rebours et chercher à reconnecter l'élite au peuple.
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