Étrange livre. Texte de deux conférences. Il essaie de comprendre la fonction de la guerre civile. La guerre civile, comme "fait social", selon l'expression de Durkheim ? Pour cela il se base sur ce qu'en disait la Grèce ancienne. Et sur l'opinion de Hobes. Pas sur le contenu du Léviathan, mais sur le frontispice de l'oeuvre ! Le plus étrange est que cela semble s'appliquer à notre époque.
Pour les Grecs, il y a la maison, le foyer, lieu de l'économie, et la cité, territoire de l'ordre et de la justice, lieu de la politique. La guerre civile survient lorsque l'économie veut régir la cité et / ou la politique l'individu. Pour Hobes, la guerre civile est l'état de nature. (Lutte de l'homme contre l'homme.) L'homme y est multitude. Mais cette multitude devient Etat (Léviathan), lorsqu'elle se donne un gouvernement, quel qu'il soit. Alors, en quelque sorte, l'âme du peuple devient le gouvernement, et son corps, une multitude désorganisée et bestiale. L'équilibre est toujours instable. Dans ce contexte, le terme Léviathan a un sens précis. C'est un monstre, qui porte l'Antéchrist. Il lutte conte Béhémoth, la guerre civile. A la fin des temps, les deux monstres s'exterminent, et le corps rejoindra l'âme. Ce sera le royaume de Dieu, et des justes. Curieusement, l'indicateur d'une destruction imminente est la croyance selon laquelle l'Etat - Léviathan est en passe d'apporter "la paix et la sécurité".
(AGAMBEN, Giorgio, La guerre civile, Points, 2015.)
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