Un livre qui aurait fait beaucoup de bruit au Portugal. En effet, Vasco de Gama y est une figure nationale, peut-être à l'image des pères fondateurs américains, or, ici, il ne paraît pas héroïque. En fait, il ne paraît pas très clairement. En effet, on a très peu d'informations sur cette période. Et le livre, écrit par un citoyen indien, qui enseigne aux USA et au Collège de France, parle couramment portugais, et apparemment entend aussi l'arabe, est construit sur les textes d'époque.
Les grandes explorations sont un prolongement des croisades. Elles sont d'ailleurs menées par des ordres religieux. Reconquista : les Portugais et les Espagnols chassent les Musulmans de leurs territoires. Puis ils les pourchassent partout dans le monde. Ils espèrent ainsi libérer Jérusalem. Il y a plusieurs raisons, probablement, à cette nouvelle croisade : idéologie, au moins au début, s'enrichir et faire du commerce, mais aussi éloigner des nobles qui sont en conflit permanent avec un pouvoir royal qui veut s'affirmer.
Gama est un nobliau à qui, semble-t-il, on confie une escadre parce que, n'étant pas très précieux, on peut se permettre de le perdre. Mais il a un coup de chance, et arrive jusqu'en Inde. C'est un rustre, peureux et vaniteux, qui tire avant de réfléchir, et qui massacre beaucoup. Mais, sa réussite lui vaudra le statut de vache sacrée. Quant aux Portugais, ils font triste figure. L'Océan indien est le terrain d'un commerce intense entre des sociétés sophistiquées. Les Portugais y arrivent comme des éléphants dans un magasin de porcelaine. Ils sont étonnamment primitifs. Un curieux mélange d'illumination et de méchanceté. Ils voient des "Maures" (musulmans) partout. A tel point qu'ils prennent les Hindous, puisque ce ne sont pas des Maures, pour des Chrétiens. Surtout, ils sont pauvres. Ils n'ont rien à échanger contre les marchandises de la région. Par nature ou par nécessité ce sont des pirates. Ils viennent dans l'Océan indien pour s'enrichir personnellement. La corruption est ce qui caractérise le mieux les systèmes de gouvernement qu'ils tentent d'installer. C'est leur haine de l'humanité et leur armement qui font leur force ? Greed and fear, comme disent les Anglo-Saxons ?
Ce qui rappelle les théories nazies. Et si la force de l'Occident avait été une méchanceté d'intellects limités ? Et si c'était le sort des civilisations évoluées d'être victimes des attaques de ce que nous nommons aujourd'hui la "barbarie", sans peut-être comprendre à qui s'applique le mieux ce terme ?
(SUBRAMANYAN, Sanjay, Vasco de Gama, Points Histoire, 2014.)
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