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jeudi 24 septembre 2015

La vie privée dans l’Empire romain de Paul Veyne

La vie de la haute société romaine, le reste n’a pas laissé de traces. 

C’est une société qui n’a pas grand-chose à voir avec la nôtre. Le plus curieux, me semble-t-il, est que le « droit romain » est une illusion. Le droit ne réglait pas la société. La loi, c’était la parole des sénateurs. Car les sénateurs représentaient l’autorité, la tradition fondement de la société. C’était donc une question de rapport de forces. La société était une sorte de fédération de grandes familles, petits Etats dans l'Etat. Le père y était tout puissant, il était juge unique sur ses terres. Le noble romain était un propriétaire terrien dont l’idéal était l’oisiveté, puisque seul un oisif peut se livrer aux travaux de l’esprit. En réalité il était un homme d’affaires mu par la soif du gain. Ce qui faisait qu’il s’engageait dans tout ce qui pouvait lui rapporter, et que l’Empire romain était une diaspora de businessmen. C'était un citadin. Car la ville c'était la civilisation. La femme était considérée comme mineure intellectuellement, mais avait une totale liberté, notamment sexuelle. Et elle ne se privait pas de partir avec dot et bagages quand cela lui plaisait. Le bon maître affranchissait ses esclaves à sa mort. Ceux-ci, alors, entraient dans le commerce, et s’enrichissaient. Leurs enfants pouvaient envisager la carrière des honneurs. L'équivalent de nos "petits blancs", le citoyen pauvre, les haïssait. Pour le reste, il y avait une populace de paysans ployant sous l’impôt.

Les grands gouvernaient. Ce qui signifiait essentiellement bâtir des monuments et organiser des fêtes. Tout ceci sur leurs deniers : ruineux. D’autant qu’ils devaient entretenir une cour de clients. Mais, à l’envers, la règle était la corruption, le fort exploitant le faible.

Finalement, le noble romain semble avoir vécu au présent. Il ne croyait pas à ses dieux. Au mieux les voyait-il comme de grands hommes, plutôt que des être surnaturels. Il ne s’intéressait pas à l’au-delà. Il demandait à la philosophie de l’aider à vivre, et à mourir dignement. « Apollinisme distingué fait d’autocensure, vertu de la richesse satisfaite, quiétisme et esthétisme voulus et secrètement puritains, il y a tout un monde là dedans. »

(VEYNE, Paul, La vie privée dans l’Empire romain, Points Histoire, 2015.)

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