Apparemment, Kant et les philosophes des Lumières pensaient que le progrès c'était la raison s'éveillant et prenant les commandes du monde. En devenant de plus en plus intelligents, nous serions de plus en plus sages et heureux. Le progrès n'était donc pas une question de fusées, de machines à laver ou de numérique, mais d'esprit.
En m'interrogeant sur les causes des changements que nous subissons, j'en suis arrivé à une hypothèse proche de celle des Lumières. Avec une différence : pour elles progrès = bien, pour moi progrès = cours des choses. En effet, il me semble que l'histoire de l'homme depuis quelques milliers d'années s'explique par une innovation : la raison. La raison correspond à une partie du cerveau qui nous est propre, et dont l'intérêt premier est social. Elle nous permet de communiquer entre nous, et de construire des sociétés. (Par opposition au groupe primitif.) La raison serait donc liée à l'émergence de la société. Ce serait la raison qui aurait permis l'agriculture, et pas le contraire.
Mais, comme souvent dans ce blog, surgit le paradoxe : alors qu'elle est un organe social, elle nous a convaincus que nous étions des individus !
Si bien que, comme le pensaient les Lumières, le combat de l'humanité est celui de la maîtrise de la raison. Car il faut s'assurer que quelques-uns ne se l'approprient pas, et surtout qu'ils ne jouent pas aux apprentis sorciers. D'où l'importance de l'école, formation, pour tous, de la raison. La raison, c'est le pouvoir, c'est même peut-être bien l'ultime "bien commun" (res publica) de l'humanité. "Bien commun" dans un sens, au fond, très négatif : c'est une bombe qui ne demande qu'à nous rayer des vivants. Je ne suis pas un homme de Lumières.
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