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jeudi 31 décembre 2015

2015 en quelques billets

Difficile de se souvenir de ses enthousiasmes. Ce blog est une succession de découvertes, mais je me rappelle, au mieux, des plus récentes. Un essai, toutefois :

Les deux auteurs qui m'ont le plus marqué cette année sont aussi ceux qui m'ont demandé le plus pénible travail de décodage. C'est Bergson, d'abord. Il met notre pensée totalement sens dessus dessous. Conséquences incalculables. C'est Camus, et l'homme révolté, ensuite. Là, c'est une pensée de l'action, à l'envers de tout ce que l'on entend. Tous les deux prolongent le pragmatisme, découverte de l'an dernier. 

Ensuite, il y a Hannah Arendt, une valeur sûre de ce blog. Dans cet épisode, le procès Eichmann, elle juge la justice et les nations et montre à quel point elles agissent comme un seul mouton, emmené par une culture collective. 

Il y a aussi les anthropologues. Une histoire de l'anthropologie, de Robert Deliège, un livre lumineux, l'anthropologie de l'Occident, au moins de ses intellectuels, au travers de l'histoire de l'anthropologie. La fin du village, de Jean-Pierre Le Goff : la transformation de la France au travers de celle d'un village : perte de sens. Prémonitoire ? 

Aussi, L'histoire de la laïcité de Jean Baubérot, ou comment ce qui devait pacifier la France a été victime de ses démons. Et Le chaos et l'harmonie de Trinh Xuan Thuan, ou, peut-être, comment l'Occident aurait dû son triomphe à un aveuglement incroyablement productif. Aujourd'hui, gueule de bois. (Ce qui pourrait aussi être le message de Vasco de Gama.)

Finalement, Talleyrand, extraordinaire génie du changement. Son moteur, c'est l'hypocrisie. Pas la sienne : celle des autres. Personne ne lui a résisté. Ceux qui s'offusquaient le plus bruyamment de son immoralité sont ceux à qui il a fait payer le plus cher le service qui leur a épargné le déshonneur. 

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