J'ai eu la surprise d'entendre une philosophe surdiplômée me dire que la philosophie n'avait pas d'intérêt pratique. Etudier Bergson ressortirait au plaisir intellectuel.
Il me semble que la philosophie nous concerne au premier chef. Philosopher, selon moi, c'est chercher un sens à la vie. Mais, en retour, cette explication a des conséquences sur la façon dont l'humanité agit et vit. Heureuse ou non, durable ou non.
Et si l'homme était libre ?
Prenons le cas de Bergson. Voici comment je l'interprète. Il dit, selon moi, que le philosophe rationalise ses préjugés ou son intérêt. Kant, par exemple. Scientifique, il veut nous "prouver" que la science est le seul moyen de connaître le monde. Le même argument s'applique au philosophe Platon, qui nous affirme que le philosophe doit être roi ; ou à l'économiste, qui nous prouve, comme Hayek, que "la société n'existe pas", c'est un marché.
Conséquence ? Refus du changement. Soit tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, soit l'histoire a un sens unique (Hegel et Marx). Alors que reste-t-il à l'homme ? A obéir aux lois ou à l'histoire. C'est le déterminisme. L'homme esclave, machine. L'aliénation.
Bergson a un préjugé : l'homme est libre. Le déterminisme est un faux problème. A ce point, il se dit : quitte à rationaliser mes préjugés, en bon philosophe, à quel modèle cette hypothèse peut-elle me conduire ? Eh bien, à l'innovation permanente ! Le propre du monde serait le changement. Un changement discontinu (pas l'image du fleuve), par "coup de génie", par "bangs". Cette exigence de changement impliquerait que nous sommes un cosmos immatériel. Ce monde n'est ni chaos, ni néant, mais changement en bon ordre. Nous sommes partie prenante de sa création continue. Bergson appelle cela le "spiritualisme", et cela ressemble beaucoup à "l'animisme" des peuples de la nature. Et le sens ? Il n'y a ni absurde, ni direction. Le sens est une création, sans cesse renouvelée. L'humanité est l'artiste de l'univers ? Par ses recherches et son travail, sa révolte dirait Camus, elle lui donne un sens ?
Conséquences ? Le changement devient continu et solidaire. Développement durable. C'est aussi une nouvelle source d'inspiration pour la science. Exemple : le monde n'aurait pas eu de commencement. Le "Big bang" ne serait qu'un bang créatif parmi d'autres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire