Bergson parle d'élan vital. Mystérieux. Sorte d'inspiration quasi divine. Une volonté de réalisation. Elle se heurte à la matière, qui la freine et peut la stopper.
Voici comment je vois les choses. Je n'ai jamais pratiqué le jeu d'échecs. En outre étant extraordinairement distrait, je suis un très mauvais joueur de quoi que ce soit. Le hasard fait qu'un jour je me trouve dans le club de mon collège de Cambridge. Un membre me propose une partie. Peu après le début, je fais un mouvement qui me semble évident. La réponse de mon adversaire me montre mon erreur. Mais j'ai une autre idée. Nouvelle erreur. En quelques répétitions de ce manège, il est échec et mat. Le plus étonné des deux n'était pas celui que l'on croit. On m'a ensuite proposé de participer aux tournois intercollèges. Honneur que j'ai décliné...
Ma vie ressemble à cela. J'ai sans cesse des idées évidentes. Mais elles me conduisent d'erreur en erreur. Pourtant cela finit par marcher. (D'ailleurs c'est rarement moi qui achève le travail et qui en tire les bénéfices !)
Je crois que c'est cela l'élan vital. C'est repérer un filon. Il est évident qu'il y a quelque chose à faire, mais il y a beaucoup d'obstacles pour y parvenir. En fait, ces obstacles en sont ils ? Et si c'était les épreuves qui permettent de se transformer pour être capable d'exploiter le dit filon ? Cela ressemble au travail du changement.
(En même temps, l'élan vital, que je vois comme un "big bang", va créer de la matière, ou plutôt de l'inerte, par exemple des règles de comportement ou des produits manufacturés. Ils seront à la fois obstacle et moyen d'un nouvel élan vital. C'est eux qui seront le matériau de son inspiration.)
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