Ce qui m'a frappé dans les derniers temps de ma mère, c'est à quel point l'amitié venait vers elle. Elle ne pouvait plus se déplacer, alors sa maison était devenue un moulin. La porte n'était pas fermée à clé. Les voisins, les amis y venaient à toute heure. Jusqu'à la factrice qui posait le courrier sur la table de la cuisine. Et le téléphone n'arrêtait pas de sonner.
Il y avait quelque-chose de son enfance dans cette situation. Réfugiée en Corrèze pendant la guerre, elle avait été la seule fille d'un monde de garçons, de femmes et de grands parents. Et la plus jeune du groupe. Groupe pauvre et étroitement solidaire. Déjà cet univers avait dû tourner autour d'elle.
Cela m'a fait penser à Sartre. Et ce qu'il dit dans Les mots. Et à ce qu'expliquait sa fille adoptive. Il paraissait, lui aussi, avoir connu le paradis dans son enfance, et l'avoir recréé dans sa vieillesse. Sommes-nous tous comme eux-deux ? Connaissons-nous un moment de bonheur que toute notre vie cherche à reconstituer ?
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