Qui est M.Macron ? Un ultra libéral adoré par The Economist. Mais aussi un fervent de M.Rocard. Donc un radical. Un adhérent à une pensée qui a fait de la France ce qu'elle est. Une pensée, aussi, honnie par le socialisme. Rappelez-vous l'affrontement entre Clemenceau et Jaurès. Or, M.Macron a été ministre d'un gouvernement socialiste ! Mais alors, il est bourré de contradictions, cet homme ?
L'anarchie vaincra !
Au contraire. Le radicalisme est proche de l'anarchie et du protestantisme. En effet, son principe est que, s'il a été correctement formé, un homme n'a pas besoin de lois. Il fera naturellement ce qui est "bien". D'où les "hussards noirs". Ils doivent apporter à tous les éléments de jugement nécessaires à l'homme de bien. D'ailleurs, l'origine de la théorie libérale actuelle n'est pas anglaise, mais française. Les philosophes des Lumières cherchaient des "lois naturelles" qui pouvaient organiser la société sans intervention humaine. En effet, l'homme est un loup pour l'homme, pensaient-ils. Ceux d'entre-eux que l'on a appelé les "économistes" croyaient que ces lois étaient celles du marché. Ne s'autorégule-t-il pas ? Les Anglo-saxons n'ont fait que reprendre cette théorie. Cependant, ils ont constaté que le marché, laissé à lui-même, suscitait des crises. La seconde guerre, et le fascisme, on résulté de telles crises. Ils ont pensé qu'elles étaient des maladies monétaires. Les "monétaristes", qui est à l'origine de notre société actuelle, ont proposé un mécanisme régulateur : la gestion de la masse monétaire par la banque centrale. (On notera que l'homme libéral ne devant pas être réglementé par l'homme, ils sous-entendaient par là que la banque centrale était d'origine divine.)
Pour leur part, les radicaux se sont vite méfiés du laisser-faire. Ils ont découvert d'autres mécanismes de régulation que le marché : notamment la solidarité. Ils croyaient beaucoup en l'assurance (mutuelles), par exemple. L'économie sociale (les associations, coopératives, mutuelles...), c'est aussi eux. L'économie oui, mais l'acteur économique, l'entreprise, doit être géré comme une démocratie. C'est ce que disait Proudhon. Et Marx, le père du socialisme moderne (ou plutôt du gauchisme ?), l'appelait "utopiste". Quant à l’État providence et planifié d'après guerre, qui fait du citoyen un assisté, ce n'est pas eux. C'est un héritage de la pensée technocratique. Une pensée plus ou moins fortement totalitaire... En ce sens, la loi El Komry, dans la mesure où elle signifie encore quelque-chose, est une loi radicale ! Elle veut faire de l'entreprise une démocratie.
Le pari d'Emmanuel ?
Lorsque j'écoute des Espagnols ou des Allemands, ou que l'on me parle de ce qui se passe en Angleterre, je vois des sociétés en détresse. C'est un peu comme si l'on y avait remplacé le chômage par le système victorien des Poorhouses. Le perdant trime pour une bouchée de pain, dans des conditions infectes. D'ailleurs, il ne produit rien. Son travail est une punition? Or, on nous dit que c'est parce que ces mesures ont réussi ailleurs qu'il faut les appliquer chez nous ! Et si ce n'était pas ce que pensait M.Macron (ou M.Valls) ? Et s'il reconnaissait dans ces mesures quelque-chose de typiquement français ? Et s'il pensait que, de ce fait, cela réussira chez nous, même si cela a échoué à étranger ? Et si cet échec était une partie de la preuve ?
Un acte de foi ?