Jean-Louis Etienne est dyslexique, et pauvre. Il a tout pour être éliminé par le système scolaire. Et pourtant, par des chemins détournés, il fait des études brillantes. On découvre même qu'il est excellent en mathématiques, et il réussit l'internat en chirurgie, et l'apprentissage technique qu'il a suivi devient un atout : la chirurgie, c'est de la mécanique.
Je me suis demandé si son cas était exceptionnel, ou si l'Education nationale faisait un grand gaspillage de talents. Et surtout si elle n'en fait pas de plus en plus : il aurait peut-être moins de chances d'être médecin aujourd'hui qu'hier... Mais, après tout, il n'y a rien de mal à être un artisan.
D'autant qu'il n'a pas été médecin, mais aventurier. Là, je le trouve un peu conquérant de l'inutile. C'est un héros de Jules Verne né trop tard. Mais, s'il n'a rien apporté à la science, au moins semble-t-il avoir été heureux. Peut être qu'affronter des conditions extrêmes provoque une sorte de jouissance ? Soudainement, il faut vivre dans l'instant, il faut être attentif à tout, sur le qui vive, sous peine de l'erreur fatale. La vie s'arrête. On la goûte seconde par seconde... ? On vit ?
(A voix nue, de France Culture.)
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