Daniel Costantini est un entraîneur qui parle de changement. La domination mondiale de l'équipe de France de Handball, c'est aussi lui. Nous avons fait une conférence ensemble il y a des années. Curieusement les participants ont cru que nous étions des comparses, alors que nous nous étions rencontrés dans le TGV. Car, nos expériences ont beaucoup en commun. Une en particulier. Voici ce dont je me souviens. Il a gagné ses premiers titres en étant un dictateur. A un moment, il se rend compte qu'il doit modifier équipe et tactique. Mais ça ne marche pas. A la suite d'une défaite ridicule. Il montre une vidéo d'une succession d'erreurs grossières à son équipe et lui demande, menaçant : expliquez-vous. Réponse : "je me suis demandé ce que le coach ferait"... Il part furieux. Et revient : qu'est-ce qui ne va pas ? La star de l'équipe se tourne vers les joueurs : je sais ce que vous me reprochez... Tout le monde a déballé ses faiblesses, puis le groupe s'est demandé comment y remédier. Cette expérience a transformé Daniel Costantini. Au lieu d'assaillir son équipe d'ordres, il lui a laissé libre cours, n'intervenant qu'à quelques moments critiques. Et la France s'est remise à gagner.
Morale ? D'ordinaire, on change d'entraîneur, parce que l'entraîneur est incapable de changer. Car, comme on le voit ici, le changement est un phénomène complexe. Il emprunte un chemin mystérieux pour se faire brutalement ! La raison est, aussi, impuissante dans le changement. Les conseils dont chaque téléspectateur bombarde nos équipes ne servent à rien. Mais, entre le changement par la casse, et la changement par la raison, il y a une troisième voie. C'est jouer sur les mécanismes humains qui font que le groupe se transforme comme un seul homme. C'est en cela, à mon avis, que Daniel Costantini est un champion.
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