Françoise Caron est un des quelques spécialistes français de
l’ingénierie système. Qu’est-ce que l’ingénierie système ?
Genèse
François Caron fait une thèse en chimie quantique. Elle
travaille sur un projet de CAO chimie puis est embauchée par la start-up Dassault
Systèmes. Elle s'occupe de « l’industrialisation
des produits et des processus » (on partait alors de zéro). Ensuite, elle
rejoint un cabinet de conseil expert des architectures de systèmes
d’information. Elle y « crée une activité spécifique
pour le marché industriel : développer
des architectures modulaires pour faciliter la gestion de gros
projets : plusieurs équipes, plusieurs niveaux de chaînes de valeur… »
En 2005, elle « crée Eiris Conseil, un cabinet centré sur l’ingénierie système
qui en était à ses prémices en France. Pour répondre aux problématiques et « points durs » industriels de
grands comptes Airbus, Schneider, constructeurs et équipementiers automobiles,
etc. et aussi de PME, » elle « poursuit aussi une activité de recherche dans le domaine et enrichit
ainsi l’offre de conseil et de formation du cabinet. »
Ingénierie système
L’entreprise française, telle que je la vois tous les jours, c’est du bruit et de la fureur. On y
vit dans l’urgence. On part dans tous les sens. On fait du spécifique pour
chaque client. Et plus on fait du spécifique, moins on a les moyens de
développer un produit compétitif, et plus on refait du spécifique pour
compenser… L’ingénierie système corrige cette tendance regrettable.
« L’ingénierie système fournit des outils pour
parer aux aléas de la réalité, de l’imperfection. Ainsi, tout devient gestion
du risque. » « Par exemple,
nous pouvons profiter de la fenêtre de tir marketing que nous ouvre telle
innovation, même si le produit n’est pas totalement abouti, en nous dotant des
moyens de réagir en cas de risques avérés, voire en cas d’imprévus. Et au-delà
de la simple correction de tir, il sera possible de profiter de l’occasion pour
tirer le meilleur parti des retours de terrain. » On entre alors dans une logique
d’amélioration permanente. Brillant.
A ce point apparaissent quelques idées d’une grande
puissance. La première est le « plan
produit ». L’entreprise publie son plan de développement et le partage
avec son marché. C’est son outil de
relation client. Le client exprime son besoin et l’entreprise en tient compte
dans sa réflexion. Le client peut ainsi savoir ce qu’il peut attendre de son
fournisseur, à long terme. Fini le tout spécifique.
Ce plan produit est aussi le moyen de pilotage de projet. « Il
est dirigé vers l’utilisateur et piloté par une « matrice de couverture » des fonctionnalités requises par le
marché. »
Finies aussi les négociations conflictuelles et les demandes
imprévues. Les échanges avec les clients
et les fournisseurs deviennent des flux
« organisés et gérés ».
Autre concept important : celui de la traçabilité. Tout le jeu économique se
gagne dans un savant mix innovation, réutilisation. Il faut profiter de
l’innovation aussi tôt que possible pour en tirer l’avantage maximal, mais il
faut réutiliser au mieux l’existant pour réduire les coûts et les temps de mise
au point. Tout cela se fait par une capitalisation intelligente de l’expérience
passée, réussie ou non.
Et l’on en arrive à un bénéfice inattendu. L’ingénierie
système garantit à la fois les coûts, les dates de mise sur le marché, et donc
les revenus. De ce fait, les moyens dont ont besoin la recherche d’innovation
et le développement de nouveaux produits sont sanctuarisés, dirait notre
gouvernement. Fini le cercle vicieux français.
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