Valérie Guérin. SNCF, Direction digital, Fab transformation
digitale interne, en charge du déploiement des outils collaboratifs. Je vais lui consacrer deux billets. Celui-ci
s’intéresse à sa carrière, le prochain est consacré à la transformation
numérique de la SNCF.
En vingt cinq ans de carrière dans le groupe SNCF, Valérie
Guérin « a eu la chance dans son
parcours de rencontrer des managers, collègues ou gestionnaires de carrières
qui ont su la sortir de sa bulle de confort ». « Ces
personnes m'ont fait confiance pour créer et impulser le changement. »
Elle a quelque chose qui fait que « les
projets d'un abord complexe arrivent à se concrétiser »...
Quelque
chose ? Peut-être une compréhension des ressorts intimes de la SNCF. Pour
vous ou moi, la SNCF est une grosse machine. Pour elle aussi, mais elle en voit
le potentiel. « J’aime travailler dans le groupe SNCF (c’est une) très
belle entreprise (…) pleine de ressources (il y a un fort) sentiment
d’appartenance… »
Mais son atout majeur est probablement « une
attitude très positive ». « Il faut avoir le courage de dire
les choses pour trouver des solutions, j’exprime ce que les autres pensent tout
bas. » « J’aime le mouvement, le collectif, l'innovation. »
« On ose, on se trompe, on rectifie, on bataille » : « l’agilité est un art de glisser naturellement d'une situation à
l’autre. »
25 ans de SNCF
La carrière de Valérie Guérin commence en 1991. Elle est
« attachée commerciale à la
direction Internationale du SERNAM, une société du
groupe SNCF, spécialisée dans le transport de marchandises par camion, avion et
bateau dans le monde entier : gestion de clients grands comptes, organisation
logistique pour le village olympique aux JO d'Albertville, développement de
partenariat avec des apporteurs de fret ».
« En
intégrant la direction logistique de SERNAM »,
elle « développe la relation de
partenaire à partenaire avec les grandes entreprises européennes » ;
elle « organise pour ses clients la
prise en charge door to door : le transport multimodal (pour acheminer les
marchandises importées sur le territoire français), le stockage, la gestion de
stock, la préparation de commandes pour satisfaire la demande des clients
destinataires essentiellement constitués de grandes surfaces, magasins et
dépôts ».
Puis ce sont les grands comptes du fret, elle devient
responsable des clients pétroliers. Elle doit « gérer les flux d'activité entre
les raffineries et les dépôts pétroliers, répondre aux appels d’offres, gérer
les problèmes d'approvisionnement en cas de situations perturbées. Ce sont des
contrats qui portent sur de très gros volumes ». « J’ai appris
à découvrir le monde de l'industrie et
le langage du ferroviaire ! »
Alors démarre « un vaste projet ». « Les processus fret pour la production, la
gestion et la commercialisation fonctionnent en silos, sont coûteux et les
organisations cloisonnées. Le fret lance un projet d'envergure pour refondre l'organisation en utilisant l’état de
l’art des technologies de l’information. » C’est une « digitalisation »
complète des processus. Valérie Guérin œuvre sur le domaine commercial. « Après avoir travaillé sur la modélisation
des contrats clients, pour intégrer les
nouveaux modes de contractualisation (avec l'arrivée de la concurrence) et des
nouvelles offres clients, il a fallu réfléchir à la façon d’intégrer les
informations dans une interface informatique. L'objectif est d'éviter la ressaisie,
de partager avec les acteurs concernés les informations sur les flux
contractualisés pour mieux suivre la qualité de la prestation vendue, et
automatiser la mise en facturation. » « Nous avons travaillé sous forme d'ateliers avec tous les acteurs de la
chaine : production, conception, systèmes d'information et administration des ventes. Cela nous a permis de découvrir toute la
chaine de production et de travailler le questionnement et la réflexion sur les
étapes primordiales de la chaine de service. » Certes, il y a eu des
« points de souffrance, des discussions complexes », mais
« la démarche était très structurée », et « l’enjeu
était très important pour tout le monde, si bien que les réticences se sont
levées peu à peu ». « Le résultat a été positif. «
Ensuite, elle est « responsable
du portail e services pour les clients de fret : 1000 connexions jours, 5
langues, une activité 24h/24. Ce portail permet au client de créer ses
commandes et ses documents de transport en totale dématérialisation, de « suivre
la vie de ses commandes », consulter ses factures en ligne et ses
émissions de CO2 ». Ce projet
aura « un impact énorme sur le
service clients mais aussi sur la remise en question de nos fonctionnements
internes : il a fallu partager et construire des référentiels et bases de
données unifiées, intégrer des données clients, intégrer les directives de la
réglementation fixées par Bruxelles ».
Et l’adhésion des clients ? « Nous avons conçu un système qui ne
demande pas de formation, je voulais la même chose que les sites grands publics
que nous utilisons tous facilement. » Elle avance « petit à
petit », en partant d'ateliers avec les clients volontaires « Nous
avons travaillé avec eux pour créer des interfaces simples et intuitives où le
client est guidé à chaque étape. » « Nous avons formé les
commerciaux aux e-services, nous les avons accompagnés pour qu'ils soient nos
premiers ambassadeurs auprès de nos nombreux clients. » Et le
changement s’est fait, pour les clients, « très vite pour certains, avec un réel appui au démarrage pour certains
autres, dû essentiellement à la peur du changement. »
Après dix ans au fret, Valérie Guérin souhaite « partir à la découverte de nouveaux horizons
à l'intérieur du groupe SNCF » « pour découvrir de nouveaux métiers et de nouvelles activités ».
Sur les conseils de sa gestionnaire de carrière « persuadée que je serai à ma place dans cet environnement »,
elle rencontre la responsable de la ligne métier communication du groupe. « La rencontre est très riche », son
profil plaît « car de nombreux
projets pointent leur nez à la direction de la communication et du digital ! »
« Le langage
des communicants et celui des informaticiens sont très différents. Je savais
que je pouvais faire un super job de facilitateur pour réunir ces 2 mondes ! »
Et voilà… L'université de la
communication SNCF lui offre une mission
de 6 mois « avec comme objectif de
créer leur site pour tous les
communicants du groupe ! » « Cette
étape a été très enrichissante pour moi : j'ai rencontré des gens formidables,
très ouverts, appris sur les techniques d'écriture, et découvert la sémantique
des mots ! » C’est alors que la
« direction du digital prend son envol ». Et que le « digital
est à la recherche de différents talents». Mais cela, c’est pour le
prochain billet. (Semaine prochaine, même jour, même heure.)
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