Jean-Baptiste Fressoz raconte que la chaudière fut un dernier cri technologique. La France et l'Angleterre adoptent deux façons opposées de traiter la question. Les meilleurs scientifiques français démontrent, équations de la physique à l'appui, que la technique ne présente aucun risque. Le sujet est confié au corps des mines de polytechnique (où entrent les élèves qui ont obtenu le meilleur classement final). Les accidents surviennent. A chaque fois, on désigne un coupable. Généralement un grouillot illettré, dont il est démontré qu'il n'a pas respecté les lois "naturelles".
En Angleterre on part du principe que l'on ne sait pas ce qui va se passer. Alors, on construit ce que l'automatique appellerait une "boucle de rétroaction". Les utilisateurs de chaudières s'assurent. Et le assurances véhiculent de l'un à l'autre les "bonnes pratiques" qui "semblent marcher". Rapidement, la chaudière ne claque plus.
Il y a là des attitudes culturelles. Elles se voient, par exemple, en anthropologie. D'un côté l'Anglais va sur le terrain et décrit ce qu'il voit. De l'autre le Français, Durkheim et Lévi-Strauss par exemple, cherchent le principe immanent qui expliquerait tout.
Comme en anthropologie, il faut probablement combiner les deux. Un excès d'empirisme conduit à dribbler les poteaux du but. On accumule des recettes qui se contredisent. C'est alors que le sens de l'abstraction français devient utile : il identifie des "méta règles" qui simplifient le problème.
(Je préconise la boucle de rétroaction en termes de conduite du changement : puisqu'on ne sait pas ce qui va se passer, il faut se doter d'un mécanisme qui va permettre d'identifier, si possible préventivement, ce qui risque de mal se passer, et de déclencher une réaction pertinente.)
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