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mardi 13 février 2018

Mémoires intérieurs

Je suis médusé. Je ne m'occupe que de textes techniques et n'ai aucune ambition littéraire, et pas la moindre formation dans ce domaine. Mais je me sens écrabouillé par la façon dont François Mauriac écrit. J'aurais d'ailleurs du mal à dire en quoi je suis écrabouillé, tant je suis dépassé. Le génie est dans la modestie. Le contraire de la pompe et de la prétention modernes. En quelques mots, tout simples, il fait passer une idée d'une grande profondeur. Sans d'ailleurs rien affirmer.

Une réflexion sur l'écriture, au fil des lectures. (Chaque auteur digne de ce nom crée un univers, en faisant jaillir la vérité de ses profondeurs à lui.) Une aspiration, que l'on a longtemps dite contradictoire, à la fois aux beautés de la vie, et à la spiritualité, sans limites aux unes et aux autres. Un jugement sur son époque, qui est toujours d'actualité.

Mais ce qu'il n'a pas vu, c'est la mort de l'auteur. La nouvelle vague de son temps, comme bien des vagues avant elle, a insulté ceux qui l'avaient précédée. Mais, pour la première fois, elle n'a rien créé. Tout son talent était dans l'affirmation de soi. Elle a fait cadeau au monde de sa perfection. Elle était oeuvre d'art. Elle a pris les idées de François Mauriac au pied de la lettre.

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