Disparition de Stephen Hawking. Je lui dois ce qui sera probablement mon seul titre de gloire : l'avoir rencontré. C'était à l'époque de mes études en Angleterre, il y a trente quatre ans. Un jour j'ai croisé à plusieurs reprises un invalide en chaise roulante. J'ai demandé à un ami si l'université organisait une journée portes ouvertes pour handicapés. Il m'a répondu que c'était Stephen Hawking, l'homme qui avait montré que les trous noirs fuyaient. (Des tentatives de preuve de sa conjecture ont été faites en laboratoire, mais cela n'a pas été suffisant pour lui valoir le prix Nobel.) Quelques jours après, je me retrouvais à déjeuner à sa table, puis seul face à lui et à son infirmière dans la salle où l'on prenait le café après le repas, sans avoir rien à lui dire. Je n'avais pas confiance en mon anglais, et le sort des trous noirs ne m'intéressait pas. Je pensais déjà que la physique avait son avenir derrière elle. Je serais tout aussi sec aujourd'hui.
Je parlais de Stephen Hawking à un chercheur brillant, mais retraité, qui se plaignait du passage du temps et des renoncements auxquels il nous contraint. Je lui disais que son handicap n'avait probablement pas pesé à Stephen Hawking : il lui avait permis de se consacrer à ce qui l'intéressait : le travail de l'intellect. Comme Sisyphe, j'imagine Stephen Hawking heureux.
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