Le bon escroc est honnête. Sa victime croit faire un mauvais coup. Voilà ce que dit l'observateur scientifique que cite parfois ce blog. L'escroquerie est sous-estimée. Le phénomène est plus subtil qu'on ne le croit.
L'escroquerie semble reposer sur les mêmes bases que l'injonction paradoxale, ou la dissonance cognitive. Nous avons en nous quelque chose d'inconscient que nous n'avons pas la force de mettre en cause. L'escroquerie nous suggère, implicitement, de suivre notre pente naturelle.
Ce qui est inconscient est multiple, et rarement honteux. Ce peut être, par exemple, l'amour de notre métier. Il y a une histoire fameuse qui a vu toute une population construire une route pour quelqu'un qui ne représentait rien. C'était peut-être aussi de l'abus de faiblesse : ces gens n'avaient pas de travail, mais une famille à nourrir, probablement. Ils étaient prêts à suivre ceux qui leur proposaient un emploi. Les pauvres sont certainement les premières victimes de l'escroquerie.
Ce peut aussi être la peur des rats, comme dans 1984. Ou, "plutôt rouge que mort", la peur de la mort, qui vous rend lâche. Mais aussi la peur de la vie, qui vous fera choisir la mort (les jihadistes ?). Et l'escroc est, lui-même, sujet à ce phénomène. Il raconte souvent une histoire à laquelle il a intérêt de croire. Et c'est pour cela que l'on croit en lui : nous savons assez bien détecter les gens honnêtes... Voilà pourquoi les devins n'échangeaient pas de regard de complicité, mais, au contraire, se percevaient comme des ennemis.
Morale ? Voilà qui pourrait être une question de "vertu" : la capacité à ne pas céder à nos penchants naturels, inconscients. Toute la question de la liberté est là. Ce n'est pas une affaire de contrainte physique, mais d'emprise morale. Les anciens ont consacré beaucoup de textes à cette question. Peut-être faudrait-il les relire.
(Dans la série, les "sciences de l'influence".)
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