A l'époque où j'enseignais la stratégie, j'aurais choisi le Brexit comme cas. Stratégie en environnement incertain. C'est le type même de la situation dans laquelle on ne sait faire aucune prévision. La bonne solution est celle de "l'option". Si j'étais industriel, et si j'avais des implantations en Angleterre, je les fermerais, pour réduire mes risques. Mais je conserverais une cellule de veille, qui me permette d'exploiter une évolution favorable.
Sinon, la stratégie en environnement incertain demande de faire des scénarios. Difficile d'en distinguer, ici. Il y a celui des Brexiters : l'Angleterre va retrouver sa gloire. Ils ont oublié que cette gloire a plus de 150 ans. Le déclin de l'Angleterre a démarré dès la fin du 19ème siècle. Après guerre, le pays allait déjà très mal. D'autres me rétorqueraient le miracle de la City. Elle s'est réinventée à plusieurs reprises. Mais c'est un miracle qui n'a rien d'anglais. Il est venu de l'étranger, leur répondrais-je.
Ce que la négociation actuelle a de surprenant, c'est qu'elle va à l'encontre des idées reçues. La perfide Albion, depuis qu'elle existe, sème la zizanie dans le monde. Or, aujourd'hui, c'est elle qui est divisée, et l'Union Européenne unie. Pire, elle a quelque-chose de dysfonctionnel. Elle ne semble faite que de médiocres.
Finalement, le Brexit illustre la devise de ce blog : "j'ai toujours tort". C'est la devise du changement. Dans les plans les plus évidents, il y a toujours quelque-chose d'énorme, et d'imprévu. L'éléphant dans la salle, disent les Anglais. Ici, c'est l'Irlande. Il semble que la seule façon de sortir proprement de l'UE est d'établir une frontière avec l'Irlande. Or la partie irlandaise de l'Angleterre n'acceptera pas une telle fracture. Et si l'Irlande faisait sécession ? Et si elle entraînait avec elle l'Ecosse et le pays de Galle ?
Et nous ? Le chaos pourrait avoir du bon, s'il forçait l'Europe à oublier ses animosités. L'union fait la force, comme on dit en Belgique.
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