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lundi 16 mars 2020

Maladie de la vache folle

Petit ouvrage sur la maladie de la vache folle, très bien écrit, que j'ai lu dans sa version anglaise. Voilà une crise sanitaire qui nous rappelle étrangement celle du coronavirus.

De quoi s'agit-il ? Les animaux et les hommes sont atteints de maladies neurodégénératives qui transforment le cerveau en une "éponge". La cause en est la modification d'une protéine, qui, de ce fait, ne peut plus être éliminée par le corps. Elle s'accumule dans le cerveau. C'est le "prion".

En fait, à l'époque d'écriture du livre, on ne pouvait pas dire si ce prion était la cause de la maladie, ou s'il fournissait la coque autour d'un acide nucléique, ou si, encore, cette cause était un virus. (Je ne sais pas où l'on en est aujourd'hui.)

Cette maladie, rare, est amplifiée par les conséquences imprévues d'une innovation. Une innovation multiple d'ailleurs. La maladie a été détectée, très tôt, chez une tribu de Papouasie Nouvelle Guinée, qui a pour pratique de manger ses morts. (Qui a dit que les primitifs étaient plus sages que les civilisés ?) Quant à notre épidémie, elle a pour origine une avancée scientifique. La science des années 20 nous recommande de brûler les carcasses des animaux, ce qui produit des protéines, et de nourrir avec ces protéines les humains et les animaux. C'est la "farine animale". La crise des années 70 fait que, pour des raisons d'économie, en Angleterre, ont réduit la température de cuisson de ces farines. De ce fait l'agent pathogène cause de la maladie n'est pas annihilé.

La maladie mettant du temps à se développer, elle n'est détectée que dans les années 80. Il se passe alors quelque chose qui ressemble beaucoup aux réactions des peuples face au nazisme, telles que décrites par Hannah Arendt, et qu'elle nomme "banalité du mal". Mme Thatcher décrète qu'en économie de marché, il n'y a pas de maladie. D'ailleurs le reconnaître la forcerait à dédommager les agriculteurs, ce qui n'est pas à son programme, libéral. Mais, devant l'étendue de la crise, elle doit agir. Les troupeaux contaminés sont abattus. Elle interdit la consommation de farine animale. Mais, celle-ci est exportée ! L'Europe ne réagit pas tout de suite. L'Allemagne et le Danemark ne font rien, puisqu'ils n'y a que les gens sales qui se lavent. La France interdit les farine animales pour certains usages, mais pas pour d'autres. Le libre échange européen s'oppose à la prise de mesures prophylactiques.

Comment s'est-on tiré d'affaire ? Par la mise au point de tests, par l'encadrement de la cuisson des farines animales, et par des mesures de confinement. Et avec de la chance : la propagation à l'homme n'a pas été celle que prévoyaient les pires scénarios (des centaines de milliers de morts). Comme l'observent les auteurs, l'homme est étonnamment résistant.

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