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jeudi 24 septembre 2020

Moderna

Webinaire du PDG de Moderna, entreprise de Biotech en tête de la course au vaccin anti coronavirus. Ce que j'ai compris (avec des erreurs probables, notamment en ce qui concerne le procédé).

(PS. Rediffusion : https://www.youtube.com/watch?v=T8rRVWRMnvM&ab_channel=SymposiumCentraleSup%C3%A9lec

Moderna est une start up. Le fruit d'un pari. Utiliser "l'ARN-messager" (ARNm), pour apprendre au corps à se défendre lui même contre une maladie. C'est la troisième génération des techniques de fabrication d'un vaccin.

Ce que j'ai cru comprendre est qu'il s'agit d'envoyer le "bon" message aux ribosomes, qui vont produire un antigène du coronavirus (pour prendre un exemple). Technique peu coûteuse, car,  toujours si j'ai bien compris, à partir du moment où l'on a la description de l'agent pathogène, trouver le "bon message" est un exercice informatique de quelques heures ou jours ; l'ordinateur commande alors des machines qui produisent le vaccin ; viennent alors les tests, aussi longs qu'avec une autre technique. Celle-ci aurait l'intérêt de pouvoir modifier très vite ses vaccins (sans besoin de validation), en cas d'une mutation modeste du virus.

Moderna ou les USA et le capitalisme à leur meilleur ? 
Pour Moderna, une société qui n'avait jusqu'ici pas d'horizon à plus de trois ans, le coronavirus vaut 30 milliards de dollars. En un an.

Le PDG de la société a compris, dès janvier, qu'il était en face d'une pandémie. Il a donné à son équipe l'objectif de produire un milliard de doses. Il n'avait pas les moyens financiers pour. D'autant qu'il doit assurer son approvisionnement, acheter des machines, embaucher et donc payer cash. En mai, il levait 1,3md$ (sa précédente levée, en 2018, était de 628m$, déjà un record). Mais, essentiellement, il a été financé par les Etats, en particulier les USA qui, ont payé cash, eux aussi, tout ou partie de centaines de millions de doses hypothétiques.

L'administration américaine s'est transformée. Là où il fallait 6 mois pour avoir une réponse, celle-ci est maintenant instantanée. Quant à M.Trump, serait-il un agité de surface ? En tout cas, la société n'a subi aucune pression, d'aucun gouvernement. Cependant, elle a pris la précaution d'installer une seconde unité de fabrication en Suisse, jugeant qu'il y avait peu de chances qu'un pays de 9m d'habitants exige l'intégralité de sa production...

Y en aura-t-il assez pour vacciner tout le monde ? Oui. En fait, aucun des fabricants de vaccin n'a la capacité de répondre à la demande mondiale. Les différents vaccins vont donc se compléter. Celui de Moderna pourrait être le plus efficace, donc réservé aux personnes fragiles et aux soignants. Au passage, j'ai découvert qu'un vaccin n'était pas parfait. Il réduit les risques de complication plus ou moins sérieusement. Les premiers vaccins pourraient être disponibles en fin d'année. Mais le gros de la vaccination se fera en 2021.

Par ailleurs, il faut deux doses par personne, et il y aurait un risque de seconde vague, en hiver, façon grippe espagnole (apparemment pour raison de confinement durant l'hiver).

Le progrès, c'est sauter dans l'inconnu
Et les dangers ? L'accélération de la phase de tests ? Moderna a systématiquement joué avec un coup d'avance, il a lancé les fabrications nécessaires à la prochaine phase de tests, alors que la précédente commençait. Les tests continueront durant les premières vagues de vaccination (sur des millions de personnes, donc). Ce qui probablement en dit long sur les risques que les Etats sont prêts à prendre pour arrêter l'épidémie. A noter qu'il est possible d'aller encore plus vite : la société étudie ce qui peut être les prochaines générations d'agents pathogènes ; en quelque-sorte elle anticipe les premières étapes de test.

Un autre risque, que j'ai mal compris, et qui pourrait avoir affecté les recherches d'un concurrent (Oxford), est que la protéine produite par le vaccin puisse correspondre à une protéine déjà connue par le corps, et qui déclenche des effets indésirables.

Les véritables risques sont à long terme. Il faudra attendre pour mesurer les effets secondaires de ces traitements. En tout cas, encore si j'ai bien compris, les molécules d'ARNm sont détruites par le corps en 48h, et il y a peu de chances qu'elles fassent de nous des OGM : elles ne rentreraient pas dans le noyau des cellules, du moins selon les observations faites à ce jour.

Plus curieusement, il y a le cyber risque. La société, comme ses confrères, est l'objet d'attaques qui visent soit à lui voler son savoir-faire soit à arrêter sa production. La sécurité informatique est capitale, Moderna collabore avec les banques et l'armée, dans ce domaine, et son architecte informatique est une des personnes les plus importantes de la société.

Et les vaccins ? Pourquoi leur résiste-t-on ? Pas uniquement par obscurantisme. Le vaccin de la grippe ne serait pas efficace. Et les fabricants auraient ajouté à leurs vaccins des adjuvants. Pour éviter toute tentation de ce faire, Moderna et ses concurrents ont publié leurs protocoles de fabrication.

The sky is the limit
Et l'avenir ? En bon français, la récompense de "betting the farm" est : "the sky is the limit". Si ce projet est un succès, Moderna fera en un an un chiffre d'affaires de 30md$ (les start up du numérique doivent pâlir d'envie). La société aura alors les moyens de financer une recherche tous azimuts.
Si je comprends, toujours, bien, du VIH au cancer, en passant par les virus les plus méchants, rien n'est hors de portée. Dans dix à quinze ans, Moderna dominera l'industrie du vaccin.

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