En 2020, on a redécouvert les Lumières ! On s'est demandé s'il n'y avait pas quelque-chose de bien dans l'universalisme. Et on s'est rappelé que c'était une idée d'origine française.
Nous croyons que notre société est issue des Lumières. Diderot, Voltaire, Rousseau, Condorcet, d'Alembert... ne sont-ils pas les pères de la nation ? Mais leurs idées ont été immédiatement enterrées. Cela a commencé avec Napoléon. Puis il y a eu la réaction. Chateaubriand et son "Génie du christianisme". Puis le romantisme. Et, mieux, le postmodernisme d'après guerre. La pensée de nos maîtres à penser est férocement anti Lumières. Quant à la Silicon Valley et aux grands capitalistes, ils croient en eux, c'est-à-dire au sur-homme !
Les Lumières partent d'une hypothèse. Il y a possibilité d'un "progrès" de l'esprit, qui s'appelle la "raison". Le jour où nous serons parvenus à porter celle-ci à son comble, nous serons sages. Il n'y aura plus de virus et de nazisme. Nous arrêterons de faire des bêtises, qui produisent des calamités.
Car, on dit aussi que ces calamités sont des "ruses de la raison". En nous trompons nous allons, malgré tout, dans le bon chemin. Nous apprenons par l'erreur. Mais cela nous coûte très, très, cher. Et, qui sait si cet apprentissage ne pourrait pas nous être fatal ? Un Chernobyl est si vite arrivé ! La véritable raison serait d'aller dans le bon chemin, sans drame. Et dans la joie !
Car le jour où nous serons sages, nous serons aussi libres. La liberté est, avant tout, une pensée autonome, dégagée de l'aliénation qu'est la pensée commune, toujours manipulée par quelque intérêt à courte vue. La cause de ces maudites calamités.
Comment "progresser", alors ? Les Lumières ne semblent pas avoir trouvé la bonne recette. On ne peut que s'interroger. Parvenir à cette forme de raison et de liberté demanderait-il de faire ce que l'on a fait pour la physique il y a un siècle, ou pour le progrès industriel, il y a cinquante ans : combiner nos intelligences ?
(Beaucoup de gens, comme Bergson, pensent que ce n'est pas par la raison que l'on peut parvenir à la sagesse. Car la raison est la cause du mal ! Plus exactement, ce n'est qu'un outil, et qu'en prenant le moyen pour la fin nous pavons l'enfer de bonnes intentions. J'ai approuvé Bergson. Mais n'ai-je pas toujours tort ? La raison n'a-t-elle pas des bénéfices qu'il ne voit pas ? N'est-ce pas grâce à elle, au langage commun qu'elle nous donne, que l'humanité est une ? Ne sommes-nous pas condamnés à essayer de la faire marcher ? A croire qu'elle peut apporter le bonheur ? Une forme de pari de Pascal ?)
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