Pages

lundi 31 mai 2021

Les clusters de Michael Porter

Dans les années 90, Michael Porter, éminent spécialiste de la stratégie d'entreprises, produit un livre qui semble à contre-courant. Pour lui c'est le "business cluster" qui fait la richesse des nations. (Voir article.)

Comment traduire ce terme ? Je crois qu'il n'y a pas d'équivalent en français. Peut-être faut-il employer le mot "d'écosystème" ? "Les clusters sont des concentrations géographiques d'entreprises et d'institutions interconnectées, dans un secteur particulier." C'est un mélange très curieux "de coopération et de compétition", de clients en avance sur le marché, d'entreprises stimulées par la proximité de leurs concurrents, d'une sous-traitance spécialisée, d'institutions publiques ou para publiques. Et la caractéristique de ce mélange est la "productivité". Ce que je comprends ainsi : il transforme particulièrement vite et bien tout ce que lui fournit le reste du monde, en des produits uniques et de nouvelles tendances de consommation. Car c'est avant tout un creuset d'innovation. L'innovation y est permanente. Non seulement les entreprises y ont sans cesse de nouvelles idées, mais il s'y crée sans cesse de nouvelles entreprises. 

Un cluster est avant tout un "bien public". Les clusters ressemblent beaucoup à la "cité" des Grecs. Les membres-citoyens partagent une même identité. Ils savent que leur force vient du cluster, et que leur intérêt est intimement lié à celui de chacun de ses membres, à commencer par celui de leurs concurrents. (Par exemple, l'entreprise a besoin d'une université forte, et l'université d'une entreprise forte.) En conséquence il n'y a pas de frontière entre l'investissement public et privé. 

Surtout la relation y est informelle, basée sur la confiance, et c'est comme cela que se diffusent aussi vite les idées, qui sont le matériau de son succès, et que la coordination entre entreprises est aussi efficace. (Pas "d'économie de la connaissance" digne de ce nom sans cluster ?) "Confiance et coordination" sont ses atouts maîtres face à ses adversaires : organisation hiérarchique (multinationale intégrée verticalement) et marché. 

Et tous deux sont peut-être les maux qui le menacent, s'il n'y prend pas garde... Mais s'il est prudent, le cluster est un cercle vertueux : plus il réussit, plus il attire le succès. Quels sont les facteurs qui font la performance d'un cluster ?

  • La qualité de ce qui y "entre" (par exemple celle des employés, donc du système de formation local)
  • "La sophistication des clients locaux" (marché test)
  • "La nature et l'intensité de le concurrence locale" (point critique : la stimulation de la concurrence est le moteur de la productivité du cluster)
  • "La richesse locale et la sophistication des fournisseurs et autres entreprises connexes"
  • La "proximité" géographique entre entreprises, clients et fournisseurs, qui "amplifie toutes les pressions à innover et améliorer"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire