Pour l'entrepreneur, l'entreprise est à la fois le moyen de se libérer, et une expression de son ego. L'entreprise, c'est lui. Avec ses forces, et ses limites d'autodidacte. D'autant qu'il doit lutter avec de formidables handicaps. Il se retrouve dans un univers extraordinairement toxique. Car les valeurs de notre société sont exceptionnellement hostiles à l'entreprise. Il doit sans arrêt faire avec. Ce qui est épuisant, et terriblement injuste. Et cela produit un comportement totalement irrationnel. L'entreprise n'est pas guidée par ses intérêts économiques, mais par le conflit entre le "narcissisme" du dirigeant et les injonctions, anti économiques, de la société. Sa survie est donc un miracle. On ne peut pas lui demander, en plus, de grossir, et de créer des emplois ! D'ailleurs, le dirigeant ne rêve que de réussir pour pouvoir abandonner son affaire et consacrer sa vie au bénévolat !
Le dirigeant étant incompris, il cherche du réconfort parmi ses pairs, dans des clubs de dirigeants locaux. Il peut même tant s'y investir qu'il en oublie les intérêts de ses affaires ! Nouveau paradoxe : ces clubs ont un rôle opposé à leur mission !
Ce qui ressort des entretiens (mais pas de leur synthèse) est que l'entrepreneur est devenu entrepreneur parce que, bien souvent, la société ne lui réservait qu'une place indigne de son potentiel. Il est tentant de penser que notre société est profondément injuste, et que l'entrepreneur, nouveau paradoxe, ressemble au syndicaliste. Le système ne lui donne pas la place que devrait lui valoir son talent. Il recherche un ascenseur social alternatif. Mais, seul contre tous et lourdement handicapé par un système qui ne lui a donné aucun bagage, il ne peut aller très loin.
La rigidité d'une société qui prétend nous assigner une place, dès la naissance, est source de conflits, et du fameux "désengagement" ?
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