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lundi 26 juillet 2021

Enseigner la complexité : ce qu'il ne faut pas faire

Pour inspirer Edgar Morin, je pourrais me donner en contre-exemple. 

Il y a quelques années, je cherchais à leur faire comprendre la complexité du monde en demandant à mes élèves de noter ce qui les frappait comme "paradoxal". Par exemple, pourquoi, à chaque fois que je lui serre la main, telle personne va se laver les mains ? On découvrait ainsi qu'il y a quelque-chose au delà de nos interprétations immédiates. 

Or, cet exercice semblait terroriser les élèves. A tel point qu'une année, une promotion s'est mise à faire un pastiche (très réussi) de ce blog, en pensant que ce devait être ce que j'attendais d'elle. Paradoxe !

Cette même année, j'ai proposé à la promotion un autre petit exercice : me dire ce qu'elle aimerait changer dans l'option, et me faire des propositions pour cela. L'année précédente, j'avais fait ce même exercice, en fin d'année, et j'avais constaté qu'il était facile de remédier aux "frustrations" des élèves avec un peu de bonne volonté et les moyens dont nous disposions. Mais, cette fois, la promotion s'est engagée dans une sorte de grande enquête qui a mis l'université sens dessus dessous. 

Après coup, j'ai compris qu'elle pensait que j'attendais certainement cela d'elle. 

Le plus surprenant, dans cette affaire, ce sont les résultats d'un troisième exercice. Je demandais aux élèves de faire une étude "anthropologique" de l'entreprise dans lesquels ils réalisaient un stage. Cette fois : miracle. Sans avoir rien compris aux questions que je leur posais, ils y ont répondu brillamment. Tout n'était que paradoxe. Ils s'étaient mis à considérer le monde avec étonnement. 

Qu'en ai-je tiré ? Que les jeunes générations sont shootées à la note. Tout leur talent consiste à chercher à comprendre ce que désire le professeur, pour le lui dire, et avoir une bonne note. N'étant pas un universitaire, je ne partageais pas la culture de mes collègues. D'où le désarroi de mes élèves. En revanche, une fois qu'ils sont arrivés dans le monde réel, de l'entreprise, leur bon sens s'est remis en marche. 

En bref, pour "apprendre" la complexité, tout est une question de conditions ?

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