Voici un essai d'application des travaux de Michael Porter (billet d'hier matin) à la France :
La grille de Porter
Facteurs de production.
- La massification de l’enseignement supérieur a produit une « dé spécialisation » des formations, qui, en outre, ne répondent ni aux aspirations d’une partie de la société, ni à une partie significative des besoins de l’entreprise.
- Délocalisation. La chute de l’URSS a fourni à l’économie de marché une main d’œuvre asiatique considérable et initialement à coût quasi nul. L'entreprise n’a plus d’incitation à innover.
Demande.
- Lorsqu’elles « se délocalisent », les entreprises étrangères emmènent avec elles leurs partenaires. Ce sont des « clusters mobiles ». Ce n’est pas le cas de la grande entreprise française. Cela pourrait expliquer le déficit de la balance commerciale française.
- La grande entreprise française semble obéir à une logique de sous-traitance et de leadership par les coûts et non de créativité.
- Appauvrissement de la population et chômage. Elle recherche les prix faibles, et ne pousse plus à l’innovation l’économie locale. Les grandes entreprises considèrent leur main d’œuvre comme un coût, non comme un marché leader.
Support.
- Le « numérique » pourrait avoir été une tentation, pour les grandes entreprises, d’éliminer leur « home base », pour accéder directement au client. Ce qui réduit le tissu de PME, et fait perdre aux grandes entreprises des sources d’information et de créativité capitales, la raison de leur avantage concurrentiel.
Concurrence.
- Dès qu’il y a consolidation, la stimulation concurrentielle s’étiole. Or, la consolidation est une tentation culturelle française, dont les entreprises ne jurent que par l’effet d’échelle.
Conclusion
On est ici devant ce que Michael Porter appelle le scénario « abondance », avec tous les symptômes d’une dégradation d’avantage concurrentiel (amélioration initiale de la rentabilité des grandes entreprises les encourageant à persévérer dans l'erreur, repli sur soi du tissu économique, augmentation de la dette publique).
Sa particularité est qu’il semble en grande partie être dû au choix des ex « champions nationaux » d’une stratégie de leadership par les coûts, qui n'est pas durable. En outre, la politique nationale a consisté principalement en l’élimination des contraintes imposées à l’entreprise, alors que la contrainte est synonyme d’innovation, et l’ingrédient principal du succès.
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