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mercredi 29 septembre 2021

Eloge des frontières, par Régis Debray


La frontière est, soudainement, à la mode. Le titre de ce livre a attiré mon regard. Une explication de la dite mode ? 

Surprise : il date de 2010. Une conférence au Japon. Pauvres traducteurs ! Car Régis Debray est un virtuose du langage qui, de surcroît, manie incessamment la référence à une antiquité et une culture opaques au Japonais. A vrai dire, ce n'est pas du Français, c'est du philosophe moderne : du virevoltant. Heureusement, c'est dix fois moins long que du Jankelevitch. 

Qu'ai-je compris ? 

Que nous vivons à l'heure du "sans frontière", alors que, quel que soit le phénomène que l'on étudie, on ne peut que constater que la frontière est le propre de la vie. (La frontière c'est la vie ?) Certes. Survient alors une argumentation systémique. L'absence de frontière a des conséquences palpables. Quand il n'y a pas de frontière, il n'y a pas de limites. On ne sait plus mettre les choses à leur place. Notre vie perd le nord. Ce qui produit, paradoxalement, ce que nous constatons tous les jours : une création anarchique de frontières locales, à l'échelle quasiment de l'individu, partout. Et avec les conflits que cela signifie, puisque les dispositifs qui garantissent la paix entre frontaliers n'existent plus à cette échelle. Guerre de tous contre tous. 

A qui profite le crime ? Au riche et à la haute finance, qui ne sont que "flux" et qui exècrent les barrières. Qui perd ? Le pauvre, qui est vissé au sol, et qui ne peut prendre que des coups. 

Commentaire 

Parfait exemple d'énantiodromie : quand on ne veut pas de frontière, on a des frontières partout. Et surtout chez les riches, qui doivent s'entourer de barbelés et payer des armées privées, et se déplacer en hélicoptère, comme au Brésil. 

La membrane d'une cellule, la peau d'un homme... séparent l'intérieur de l'extérieur. Qu'est-ce que l'intérieur d'une frontière ? Quelle forme de vie permet-elle ? Peut-être ce que les anthropologues appellent "culture". La fameuse "société", qui n'existait pas selon Madame Thatcher. La France, l'Allemagne, l'Angleterre... sont des êtres vivants. C'est peut être une des leçons de l'épidémie, qui a vu la réapparition, quasi instantanée, des frontières. 

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