Laurent Schwarz, dans l'introduction à son cours de mathématiques, fait une distinction entre l'ingénieur et le mathématicien. Le premier n'aurait pas besoin de démonstrations rigoureuses.
Voilà qui m'a choqué. Et voilà ce qui explique, ce que je ne fais que comprendre, pourquoi ma relation à mes collègues ingénieurs a toujours été tendue. J'ai toujours été attaché à la rigueur mathématique.
Le propre de l'ingénieur est l'empirisme, au sens philosophique du terme. Ce qui compte est "que ça marche". Pourquoi ? ce n'est pas son problème. On ne voit jamais cela aussi bien qu'en Angleterre. Les Anglais ont d'excellents ingénieurs, alors "qu'ingénieur" est un terme, chez eux, de très peu de prestige. Ces ingénieurs ont des notions scientifiques rudimentaires. En termes culturels, ce sont des rustres. Tout leur art est dans l'intuition, l'expérimentation et le bricolage.
La faille de l'ingénieur français est qu'il croit à son génie, mais qu'il a oublié qu'il devait être un expérimentateur. Ce qui produit bien des désastres. En tout cas, si j'avais écouté mes enseignants, et si je m'étais rendu compte plus tôt que je n'étais pas fait pour être ingénieur, je serais certainement passé à côté de la plus intéressante partie de ma vie !
Là encore je ne suis pas d'accord avec toi, on peut - on doit, même - être rigoureux quand on est ingénieur. Celui qui ne l'est pas est au plus un expérimentateur, aussi génial qu'il soit. Ne voit pas l'ingénierie que par le prisme des informaticiens - pas vraiment rigoureux - mais plutôt par celui de la construction civile : on ne fabrique pas un pont ou un viaduc en restant approximatif.
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