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mardi 1 février 2022

Le rasoir de Spinoza

Conséquence imprévue du coronavirus : j'utilise un rasoir électrique. En revenant du marché, le premier jour du confinement, j'ai constaté que j'avais oublié de renouveler mon savon à barbe. J'ai ressorti mon rasoir électrique. Et j'ai trouvé qu'il rasait mieux que je ne le pensais. 

En fait, je n'ai pas un rasoir électrique, mais trois. Or, l'un après l'autre, ils se sont arrêtés de marcher. L'âge ? Je me suis demandé s'ils n'avaient pas été asphyxiés par les poils de barbe. Mais, pas possible de les démonter. Et, il vaut peut-être mieux ne pas le faire. Donc, je me suis mis à les secouer. Miracle. L'un après l'autre, ils sont repartis. 

Etait-ce le poil la cause de la panne ? Si oui, que coinçait-il ? A moins que le mauvais diagnostic n'ait eu la bonne conséquence ? Le rasoir avait besoin d'être secoué. D'ailleurs, ce que je dis n'explique pas pourquoi ce n'est parfois qu'au dix ou vingtième essai que le rasoir part. Comme souvent, la réelle cause du changement est ma volonté de ne pas baisser les bras, et de ne pas avoir peur de faire des choses stupides. En s'agitant comme une mouche contre une vitre, on finit par trouver la sortie. Rien de pire que la raison.

Quel est l'intérêt de cette histoire ? Elle contredit Spinoza et quelques autres. Il semble évident que tout n'est que causes et conséquences. Mais ma panne a-t-elle une cause ? Le cancer, d'ailleurs, a-t-il une cause ? N'est-il pas juste de dire qu'il résulte de la combinaison de circonstances particulières. Circonstances que l'on n'est pas capable de définir précisément. 

Niels Bohr disait qu'il paraissait que les fers à cheval portaient bonheur même lorsque l'on n'y croyait pas. C'est peut-être la même chose pour les causes. 

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