Désaffection pour les études d'ingénieurs ? Cela me semble une erreur.
L'industrie a de très grands jours devant elle. Lorsqu'elle est correctement dirigée, l'entreprise industrielle accroît sans arrêt son avantage concurrentiel. Surtout, une très grosse partie de la planète acquière le niveau de développement occidental : accélération massive de la consommation de biens industriels.
Mieux encore : la très réelle problématique du développement durable et les questions d'une grosse complexité qu'elle va poser devraient rendre indispensable l'ingénieur.
Les grandes écoles d’ingénieur les plus prestigieuses n’ont pas été conçues pour notre époque. (Celles qui demandent de passer par des classes préparatoires.) Elles s’inscrivaient dans une France fermée à l’influence extérieure où l’on occupait une place en fonction de ses diplômes, et non de ses compétences. Elles ont, un moment, apporté un avantage à leurs élèves. Donner des bases scientifiques solides à l’ingénieur (Polytechnique) était excellent. Mais aujourd’hui toutes les formations les dispensent. Et s'enfoncer plus loin dans la science me semble une perte de temps (sauf pour le chercheur). De même, longtemps on y a reçu un enseignement technologique de pointe, ce qui favorisait les élèves à l’esprit d’entrepreneur (les Blériot, Eiffel...). Ce n’est plus le cas. Bien pire : elles donnent des complexes de supériorité dangereux. Alors qu'une carrière est devenue une aventure incertaine, pour l'étudiant la réussite au concours sonne sa retraite.
Il est possible que l’ENST ait évité ce piège. Il en est probablement de même des écoles « agro ». Plus généralement les formations qui donnent un métier ont un important avantage. Je ne crois pas au prestige de l’école : 1) il est de plus en plus rare de faire carrière dans une entreprise française 2) même la multinationale française finit par exiger des résultats de ses managers (et à licencier ceux qui la déçoivent, élite ou pas), ce qui favorise ceux qui ont su construire leur carrière et ne sont pas endormis sur leur diplôme.
L’Allemagne devrait continuer à dominer le monde de l'industrie. Je pense qu’y travailler est important : l’Allemand a une rigueur que nous n’avons pas ; l’industrie allemande permet de très belles carrières à ceux qui en comprennent la culture ; le marché allemand est très important pour la France, les cadres qui en maîtrisent la langue progressent vite dans les groupes français. Passer au moins une année dans une université allemande me semble une bonne idée.
Je suis dubitatif quand à la formation des écoles de commerce : on prétend y enseigner les sciences du management à des bambins. J'ai constaté qu'elles ne souriaient qu'à l'esprit éclairé. Il fallait un minimum d'expérience pour en comprendre l'utilité. L'ingénieur qui a montré des talents de management pourra facilement acquérir les techniques qui lui manquent dans un (executive) MBA international. Et il s'y fera des amis utiles.
Autres billets sur l'enseignement : Réforme scolaire, Dangereux enseignement, La France de Dickens?
Personellement j'ai, en plus du français d'ingenieur 'd'élite' un diplome allemand en poche et j'en parle la langue courament
RépondreSupprimerCela ne m'a servit à rien dans l'entreprise française qui n'a pas su en tirer partis !
De meme pour tous mes camarades aux memes parcours qui sont revenu en France. Ceux qui s'en sorte le mieux sont ceux qui sont restés en allemagne (pour qui la cutlure française ne sert à rien)
Effectivement. Les gens que j'ai observés appartiennent soit à des entreprises qui ont de gros marchés en Allemagne, soit à des entreprises franco-allemandes. D'un autre côté, il faut aussi aller vers des entreprises qui savent utiliser les compétences de leurs employés !
RépondreSupprimerPersonnellement, je me suis éloigne de l'industrie, pour aller dans l'informatique, secteur ou l'Allemagne à moins d'avantages. J'ai une casquette internationale, tout se fait en anglais, même avec les clients allemands.
RépondreSupprimerMais pour mes camarades, ce n'est pas vraiment mieux (il faudrait que je refasse un sondage 10 après), certains sont chez Bosch ou Siemens en France par exemple, le diplôme allemand les a certainement aidé à entrer, mais aujourd'hui leur carrière est très française.
Un autre est chez Renault, il a bien embrassé un carrière internationale, mais vers la Russie...
Je trouve la coopération Franco-allemande très difficile au niveau des sociétés. Ce sont deux modèles tellement éloignés...
C'est vrai. Je parle dans mon livre "les gestes qui sauvent" d'une étude sur une comparaison entre les modèles d'entreprises anglais et allemands. Le modèle allemand fait passer les employés par une longue phase initiale, qui a pour but de les intégrer à la culture de la société. Une fois que c'est fait, on leur laisse une beaucoup plus grande liberté que dans le modèle anglais (qui, par contre, faute de contrôle culturel, est beaucoup plus "policier"). Je pense que le Français trouve ce modèle allemand étouffant.
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