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jeudi 25 septembre 2008

Lait frelaté et Chine

Je me pose la question suivante : Problème de lait frelaté. Morts de nourrissons. Que peut-on faire pour enrayer le manque de fiabilité de l’industrie chinoise ?

Je retiens d’une conférence sur la Chine le modèle (hypothétique) suivant. Il semblerait qu’il y existe un processus du type :
  1. l’homme est accepté dans un groupe (parce qu’il en partage les valeurs ?)
  2. ses membres travaillent ensuite collectivement à résoudre les problèmes qui leur sont posés.
Par conséquent, ce que dit l’homme pour entrer dans un groupe, n’est pas corrélé à ce qu’il peut faire puisqu’il attend l’aide du groupe. En Occident, au contraire, l’homme est seul. Quand il s’engage il tient (au moins approximativement) parole. Application :

  • Le Chinois dit ce qu’il faut pour entrer dans un groupe (signer un contrat) ; se retrouvant seul, il ne sait comment se débrouiller, et fait avec les moyens du bord. Ce ne serait pas arrivé si on était resté à ses côtés. Il se serait ouvert de ses difficultés et, ensemble, on y aurait trouvé une solution.

Le Japon a longtemps eu ce type de problèmes. Comment l'a-t-il résolu ?

  • L’occupant américain lui a délégué ses experts (notamment Juran et Deming). Ils n’avaient pas grands succès chez eux, ils sont devenus des héros japonais. Leurs techniques ont triomphé. Boomerang : elles sont revenues vers nous.
  • Exemple de technique. Imaginez vous ouvrier. Vous et vos collègues êtes assaillis par les dysfonctionnements. Attention : vous allez prendre une décision malheureuse. Et c’est au moment où vous l’attendez le moins que ses conséquences vont vous agresser. Juran conseille : arrêtez-vous, faites la liste des problèmes que vous avez identifiés, associez-leur les moyens nécessaires à les résoudre. Maintenant, vous les classez par ordre de priorité. Vous ne retenez que les principaux. Vous visez à faire le maximum d’effet, avec le minimum de moyens. Sans aide vous éliminez vos difficultés.

On ne peut pas changer l’homme. Du moins pas rapidement. Mais de modestes mesures organisationnelles font des miracles. Peuvent-elles être utiles en Chine ?

Compléments :
  • Sur Deming et Juran : voir les articles que leur consacre Wikipedia.
  • Industrial Diagnostics. A Systematic Approach to Management Problem-Solving, selected papers n°3, 1957, Juran Institute.
  • Le peu que j’ai travaillé avec les Japonais m’a montré une sorte de mouvement brownien. La mise au point d’un projet se fait dans un échange de tout le monde avec tout le monde. Mais il est encadré par des procédures : la phase brownienne débouche, dans un temps donné, sur un résultat, les spécifications (hyper) détaillées du projet. Elle est devenue prévisible. Sur ce sujet : NONAKA, Ikujiro, Toward Middle-Up-Down Management : Accelerating Information Creation, Sloan management Review, Printemps 1988.
  • Par ailleurs, les Japonais observent comment opèrent leurs équipes, et utilisent les outils du management pour corriger leurs défauts. Par exemple, si le dirigeant veut réduire le nombre de pièces utilisées dans ses produits, il va augmenter artificiellement le coût de la diversité. Les produits que l'entreprise concevra feront appel à beaucoup plus de pièces communes. Si un effet pervers apparaît, on modifiera à nouveau la comptabilité de la société. HIROMOTO, Toshiro, Restoring the Relevance of Management Accounting, Journal of Management Accounting Research, automne 1991.

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