Pages

dimanche 7 septembre 2008

Énergie nucléaire

La radio m’apprend que le mari de Benazir Bhutto devient président du Pakistan. De la prison à la présidence... L’homme qu’il fallait à un pays au bord de la banqueroute, en pleine guerre fratricide et possédant l’arme nucléaire ? Mêmes informations : l’Inde va construire des centrales nucléaires. Jusqu’ici on ne voulait pas lui en apporter la technologie parce qu'elle n’avait pas signé le traité de non prolifération nucléaire. C'est oublié. Je note au passage que l’Iran a, elle, signé ce fameux traité.

  • Imaginons que l’on invente aujourd’hui l’énergie nucléaire ; que l’on nous parle d’Hiroshima et de Nagasaki ; que l’on nous dise que l’URSS ferait exploser une bombe au dessus d’une armée pour voir comment elle réagirait ; que les Américains envisageraient de l’utiliser durant la guerre de Corée. Qu’on ajoute que la mise au point des centrales nucléaires passerait à deux doigts du désastre (Windscale en Angleterre). Qu’il est préférable de ne pas les mettre entre les mains de gens distraits (Tchernobyl, Three Mile Island). Bref que l'énergie nucléaire s’accommode mal de l’erreur, qui est humaine, comme chacun sait. A quelle probabilité fixerions-nous les chances de l'humanité de vivre, sans catastrophe majeure, 50 ans, 100 ans ? 0 ? Je crois que même ceux qui sont aujourd’hui favorables à l’énergie nucléaire pencheraient pour la prudence.
  • Le monde est à un tournant de son histoire. Durant ces derniers siècles, la science l’a dirigé. Et la science, c’est l’approximation. Un exemple. Une histoire d’un ingénieur de Dassault Aviation, il y a longtemps. Test du prototype du Rafale. L’avion entre en résonnance. Le pilote, comment s’y prend-il ?, se tire d’affaire. Réaction de l’ingénieur : son approximation « du premier degré » est insuffisante. Il pousse ses calculs, modifie l’appareil, y remet le pilote. C’est bon. L’incident est oublié. La science c'est celà : un modèle de la question à traiter. Un modèle que l'on sait résoudre. Puis une solution que l'on teste dans la nature. Si ça marche, c’est fini. Sinon on complexifie le modèle. Problème ? Que donne l’approximation à long terme ? C’est ce que l’économiste appelle pudiquement une « externalité », une retombée imprévue. L’effet de serre est une externalité.

Pouvons-nous continuer à jouer les apprentis-sorciers ? Certes. Mais, comment ne pas condamner la science ? Je soupçonne que sans elle nous n'avançerons plus ; qu’une société doit se mettre en permanence en question ; et qu’une partie de la solution (avoir le gros des bénéfices de la science pour un risque « acceptable ») est dans une approche démocratique de la science. La société doit participer à la décision du scientifique, de l’ingénieur.

Compléments :

  • La centrale de Windscale est passée à deux doigts d’un drame majeur, en 1957 : voir Wikipedia sur le sujet.
  • Sur les armées russes et l’Amérique en Corée : voir Grand expectations. On y apprend aussi que dans les années 50, les magasins de chaussures mesuraient la taille des pieds de leurs clients aux rayons X…
  • Sur les OGM, autre exemple du processus scientifique : SERALINI, Gilles, Ces OGM qui changent le monde, Champs Flammarion, 2004.
  • Remarque : les techniques que j'étudie (et qui ne me doivent rien) ont la caractéristique, non recherchée, d'avoir un caractère démocratique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire