Dans un contexte de concurrence parfaite où seul le prix compte, survivre impose de supprimer tout ce qui est inutile à court terme : c’est-à-dire tout ce qui n’est pas « vache à lait », donc l’innovation. Très rapidement, l’entreprise comprend qu’il est rationnel de tricher puisque, ainsi, elle prend un avantage sur ses opposants, ceux-ci sont alors obligés de faire de même pour survivre. C’est un cercle vicieux encouragé, d’ailleurs, par certains législateurs.
Ainsi le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites permet aux entreprises de se remettre sur pied « à l’abri » de leurs créditeurs. Libérées de leurs dettes et voulant prendre un nouvel envol, elles ont intérêt à « casser les prix », ce qui conduit un secteur entier d’activité à suivre leur exemple (fin 2002, la plupart des grands transporteurs aériens américains étaient en faillite).
Une constatation qui est au centre des travaux de Michael Porter, gourou du management. Seul un petit nombre d’entreprises peuvent être « leaders par les coûts », le reste se différencie ou trouve des niches. Pour faire cesser la concurrence, les entreprises innovent. La concurrence n’est donc jamais que provisoire.
Et lorsque quelques entreprises se partagent un même marché, elles tendent à s’entendre, tacitement le plus souvent.
Oui, mais le monopole n’est-il pas un danger ? Je fais mes courses dans une grande surface proche de chez moi. Réorganisation. Certains produits ont disparu. Marges insuffisantes ? Je vais maintenant de plus en plus souvent dans une grande surface un peu plus éloignée. Il en est de même des voitures : elles ne sont pas en réelle concurrence, chaque marque est particulière. Mais il suffit qu’elle déçoive pour que son marché se détourne d’elle, et qu’elle soit obligée de se reprendre.
Et le risque qu’il y ait coordination des politiques de l’oligopole ? Je me souviens qu’un homme politique invité du Club économie avait observé que la grande distribution avait procédé à une augmentation collective de ses prix. Alors ont émergé des discounters. Exemple de « destruction créatrice » ? La pression de l’innovation force le monopole à ne pas s’endormir disait Schumpeter.
Compléments :
- Sur des raisons d'entente des oligopoles : The logic of collective action.
- Les discounters et la tentation de monopole : Carrefour dans l’impasse ?
- Amazon et Destruction Créatrice.
- PORTER, Michael E., Competitive Advantage, Free Press, 1985.
- La Remarque sur le chapitre 11, vient de JAMES, D.N., The Trouble I’ve Seen, Harvard Business Review, mars 2002.
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