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dimanche 26 octobre 2008

La logique d’Obama (suite)

Nouvelles réflexions sur les règles que suit le comportement des candidats à la présidentielle américaine.

Dans un billet (McCain et Obama (suite)), je disais que je m’étais trompé sur McCain : il n’entrait pas dans le schéma « intello / bouseux », « Amérique d’en haut, Amérique d’en bas » usuel. Je me demande si ce n’est pas aussi le cas d’Obama. Il n’est peut être pas un ordinaire intellectuel démocrate, pétri d’idéaux irréalisables.

Michel Crozier (Le mal américain) parle d’une Amérique d’après guerre de 40, pleine de gentillesse, de confiance en soi, qui veut apporter le bonheur au monde. Je me demande si Obama n’est pas une réémergence de ce trait, enseveli depuis 4 décennies, de la culture américaine.

The post-election season begins s’inquiète d’un ras de marée démocrate. Une nuit du 4 août qui accouche d’utopies dramatiques. Pour ma part, je doute qu’avec les dettes empilées par le gouvernement Bush, l’utopie ait beaucoup de latitude. D’ailleurs, Obama est-il susceptible de se faire entraîner par l’enthousiasme collectif ? Un détail m’intrigue. Son vice-président.

On a dit que Joe Biden avait été choisi pour apporter de l’expérience internationale à Obama. En fait, il lui apporte surtout le moyen de manœuvrer le Sénat. Or, aux USA, contrairement à la France, le parlement (au sens large) a un pouvoir fort, aucune réforme ne peut passer sans lui (De la démocratie en Amérique). Les grands réformateurs ont été des maîtres de ses très compliqués mécanismes de négociation. Initialement, ce qui frappait chez Joe Biden était ses gaffes. Mais l’électorat semble désormais voir au-delà. Il est aussi populaire que Sarah Palin, mais suscite beaucoup moins de rejet. Joe Biden un très bon choix ? Par contre, avec Sarah Palin, McCain n’a raisonné que tactique, et court terme.

Autre remarque : à l’agressivité de la campagne de McCain, Obama n’a pas répondu agressivement. Les commentateurs estiment même que c’est son « langage corporel » (il était détendu et sympathique) qui lui a donné l’avantage sur McCain, lors du dernier débat.

Obama va-t-il battre à la loyale un McCain qui n'a pas été loyal ? Serait-il capable de résister à l’attrait de la facilité ? de trouver des solutions solides, a priori impopulaires, à des problèmes complexes ? de s’y tenir et, finalement, de les rendre populaires ? Est-il une réponse à ce mal américain qui cause crise après crise : une innovation qui est, en fait, une tricherie ?

Sur les présidents américains d'après guerre : PATTERSON, James T., Grand Expectations: The United States, 1945-1974, Oxford University Press, 1996.
Sur la définition que le sociologue Merton donne a innovation : Braquage à l'anglaise.

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