Dans le billet précédent, j’observe que le blocage du plan Paulson ressemble à une situation de guerre. Et qu’une telle situation est le préliminaire à la constitution de tout groupe humain solide.
Que demande celui qui se bat ? La première idée qui vient en tête est « une situation à sa mesure ». Une place au soleil. Si le peuple américain demande à son élite, du jour au lendemain, de gérer avec compétence l’économie, de ne pas faire passer ses intérêts avant ceux de la nation, de ne pas diviser la société en classes… le plan Paulson n’est pas prêt d’être adopté.
Une expérience personnelle, que j’ai analysée dans au moins deux de mes livres, me rend un optimisme modéré. J’ai fait de l’aviron pendant mes études. Mon équipe n’a commencé à être efficace qu’après une engueulade d’anthologie. Qu’avait provoqué la dite engueulade ? 25 ans après, j’en suis arrivé à la conclusion suivante : au respect. Nous étions sortis de notre autisme et avions découvert que d’autres existaient. Et ils ne pensaient pas comme nous. Or, un huit est extrêmement peu stable. Ce qui fait son efficacité est essentiellement une assiette parfaite. Donc une coordination de tous les rameurs. La force de leurs muscles n’est utile qu’une fois cette assiette assurée.
Mes missions de conduite du changement ont pour conséquence (involontaire) la constitution de groupes, d’équipes. Je soupçonne que le phénomène précédent s’est produit. On a découvert l’utilité de l’autre. D’où l’idée que l’objet d’un conflit, c’est forcer l’autre au respect. Tentative de justification : s’il y a écoute mutuelle, toute décision ne pourra être prise sans l’autre ; donc les chances de léser ses intérêts seront réduites ; à terme, on en arrivera à ma première idée.
Quid de l’hypothèse guerre = destruction de l’autre ? Ce n’est qu’un pis aller : à deux on est plus fort que seul ; donc, s’il y a respect mutuel, vous serez mieux dans un groupe que triomphateur solitaire. Y compris si vous avez pris à l’autre ses biens, ou si vous l’avez réduit en esclavage.
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