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samedi 1 novembre 2008

De la démocratie en Amérique (suite)

Fin de la campagne présidentielle aux USA. Enseignements ?
  • Obama. On s’inquiétait de son manque d’expérience. Là où il était certain qu’il n’en avait pas, c’était dans la tactique politicienne. Or, il a dominé de la tête et des épaules ce qui se faisait de mieux dans le domaine (Hillary Clinton était infiniment plus redoutable que John McCain). Il a montré qu’il tenait le choc face à l’adversité. Son cap n’a pas vacillé. Il a fait une campagne d’idées, de raison, de réflexion, pas de coups bas tactiques. Surtout, c’est quelqu’un qui construit, qui se donne les moyens de réussir. Exemple : il a monté une étonnante mécanique à lever de l’argent. Elle explique en grande partie son succès. Autre exemple. Élections sénatoriales : une équipe de juristes a épluché le dossier de ses concurrents. Il les a éliminés sans combattre. Technique systématique. Il identifie un problème. Il constitue des équipes remarquables, à qui il les confie. Il décide à partir de leurs réflexions. Barack Obama est, avant tout, un rouleau compresseur, une machine de guerre. Napoléon constatait : « le succès est dans l’exécution ». Obama serait-il à la politique ce qu’a été Napoléon à la guerre ?
  • Je reproche à McCain de ne pas pouvoir dire « Tout est perdu fors l’honneur ». L’idéal du militaire de famille, jadis du noble, était, plus que la victoire, une mort glorieuse. McCain a choisi une stratégie à la Nixon, pour laquelle il n’était pas fait. D’une certaine façon, c’est Obama qui a été fidèle aux valeurs militaires. Face à un grand adversaire, on ne peut gagner que si l’on est poussé par ce que l’on a de meilleur, si l'on est prêt à mourir.
  • C’est parce qu’elle a été extrêmement longue, et parce que tous les coups sont permis, que cette campagne a révélé un peu du caractère de ces deux hommes. Mais elle n’a pas désorganisé le pays, qui a su faire face à une crise majeure.
  • Alors que la France politicienne nous propose toujours les mêmes têtes, pendant des décennies, tous les quatre ans apparaissent aux USA des candidats de première dimension, inconnus. Ce ne sont pas, comme chez nous, des interchangeables sans profondeur. Des politiciens formatés dès l’enfance, qui ont passé leur vie à maîtriser les ressorts des machines de leur parti ; qui n’ont jamais développé aucune conviction ; qui répètent ce que leur dicte la bien pensance collective ; qui veulent le pouvoir parce qu’ils le méritent. L’Américain, majoritairement, est arrivé tard en politique, et il y est arrivé parce qu’il avait de fortes convictions. Il est dévoué à son pays, plus qu’à son intérêt personnel.
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