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dimanche 25 janvier 2009

La grande manipulation

Quand j’ai démarré le travail qui a conduit à 3 livres et à un blog, mon ambition était petite : parler de techniques de conseil en management. Je ne savais pas où cela allait me mener. Parmi mes découvertes : le détournement des concepts fondateurs de notre culture occidentale.

Les philosophes des Lumières voulaient la victoire de la « raison », l’homme utilisant son cerveau pour décider, seul. Il se dégageait de la dictature des conventions. Le progrès c’était l’émergence progressive de la raison. Le processus du progrès ? La confrontation permanente avec le néant, l’incertitude, nécessaire au mécanisme même de la pensée. Elle est remise en cause, la destruction d’une certitude par une autre.

Aujourd’hui, il semble que deux tendances s’affrontent, qui ont, sur le fond, le même effet.

  1. Pour la pensée anglo-saxonne, qui nous influence grandement, le choix rationnel, c’est obtenir ce que l'individu désire. Le progrès ? La marche de la technologie, qui accumule le bien matériel, et nous endort dans la béatitude d’un avenir tout tracé. La démocratie ? Le libre échange ! Et nos décisions ? Les sciences du management sont, le plus officiellement du monde, des sciences de la manipulation. Les écoles de management enseignent comment utiliser les sciences humaines pour faire nos quatre volontés. Soit en utilisant les lois de notre culture pour déclencher chez l'homme le réflexe désiré, soit, au contraire, en les modifiant pour mettre la société à son service (c’est le rôle de la télévision et de la publicité). Résultat ? Ceux qui ne peuvent se défendre contre cette influence sont transformés en « consommateurs ». La culture qui était supposée infléchir l’instinct pour conduire au bien de l’humanité est maintenant faite à l'image des vices de certains.
  2. Tout Charybde a son Scylla, semble-t-il. Tout TF1, son service public. Notre élite intellectuelle, appuyée par la presse, nous dicte nos idées. Que l’homme prétende penser est indécent. Un événement survient ? L'individu doit avoir une opinion spontanée. Il doit savoir, et savoir comme ceux qui savent qu’ils détiennent la vérité.

Ces deux forces sont convergentes. Elles vont à l’exact opposé de ce qui définit notre civilisation, peut-être même depuis les Grecs : la libre pensée individuelle. Est-ce une étape nécessaire ? Le premier réflexe de celui qui pense par lui-même est d'imposer sa pensée à l’autre ? Sommes nous les petits soldats de deux communautés, sœurs et ennemies, des « libres penseurs » les plus évolués, qui détiennent les leviers du pouvoir et s’affrontent pour la domination du monde ?

Les étapes de ma réflexion :

3 commentaires:

  1. Difficile de juger Citizen K alors qu'il est à l'aube de sa carrière...
    Ce qu'il m'inspire:
    1) l'objet de la presse n'est pas la manipulation mais nous apporter l'information qui permet de faire fonctionner notre cerveau. Sous cet angle CK s'en tire plutôt bien : on n'en saurait pas autant sur le sujet du blog mondial sans lui. Essaie-t-il de nous imposer ses idées ? C'est visiblement un fana du blog. Mais il ne fait pas encore beaucoup appel à des techniques d'influence.
    2) Il est possible que la presse soit effectivement vue comme insatisfaisante. Lorsqu'un grand problème se pose, les Français cherchent d'autres sources d'information. Internet et les blogs semblent cette source. Sous cet angle CK va dans le sens de l'histoire.
    3) CK travaille pour la communication d'entreprise. Il y a deux façons de l'aborder: désinformation ou traitement courageux. Je crois que cette dernière option est la meilleure pour le client. On arrive toujours à trouver une solution "conforme" à n'importe quel problème. Même s'il est honteux (en fait il ne l'est toujours qu'apparemment). Pour trouver cette solution il faut de l'expérience, et un intellect de qualité supérieure. Tout le portrait de CK?

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  2. CK adore, c'est pourquoi il revient souvent!

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