Sarkozy en panne ? m’amène à lire le programme du Président de la République.
Il se résume à 8 pages. Quelques idées que j’en retiens.
- J’ai l’impression que c’est une tentative de réponse quasi exhaustive aux problèmes tels que perçus par le Français, à l’époque de l’élection.
- Il y est question de courage, qui a manqué jusqu’ici « Vous ne supportez plus la concentration des pouvoirs entre les mains d’une petite élite, l’impuissance publique, le manque de courage ».
- Il y a une influence de la vision anglo-saxonne de la démocratie : habeas corpus, renforcement des pouvoirs de l’opposition.
- Parmi ce que je n’attendais pas : la flexisécurité danoise (« une personne licenciée pour des raisons économiques ne perdra pas son contrat de travail : celui-ci sera transféré au service public de l’emploi qui lui garantira 90% de sa rémunération antérieure aussi longtemps que nécessaire, pour suivre une formation qualifiante. ») ; un service civique de 6 mois ; l’enseignement supérieur et la recherche, « priorités absolues ».
- Il y a aussi le soutien individualisé aux élèves en difficulté, la suppression de la carte scolaire, les banlieues, le service public comme « levier de promotion sociale », l’intégration par partage de la culture française, la fin de la solitude des personnes âgées, le respect des valeurs traditionnelles, la fierté d’être français, l’aide au pays pauvres, la défense des droits de l’homme…
- L’Europe doit « protéger ses peuples de la mondialisation », défendre leurs valeurs, et pousser leurs intérêts. Une Europe qui est vue non comme un idéal, mais comme héritage culturel. Exclusion de la Turquie.
- Le « travailler plus pour gagner plus » est peut-être le moteur du projet. Je n’avais pas compris ce que signifiait cette phrase. Elle semble reprendre la théorie de Jean-Baptiste Say selon laquelle il faut produire le plus possible : l’offre crée sa demande. Si la France produisait plus (donc travaillait plus), elle serait beaucoup plus riche, ce qui lui donnerait l’argent nécessaire aux promesses précédentes. En outre le développement de la croissance interne créerait un cercle vertueux de recrutement. Les 35h sont attaquées à répétition.
L’analyse de Sarkozy en panne ? paraît juste : le Président de la République croyait qu’une France laborieuse, vertueuse, trouverait la voie de la rédemption. Pour le reste, il y a sûrement beaucoup de bons sentiments, mais les moyens de mise en œuvre du changement nécessaires à leur réalisation sont flous. Peut-être le Président pense-t-il qu’une direction suffit : sa détermination appliquée à la société les transforme en doctrines achevées et en organisations efficaces ?
Compléments :
- Sur Jean-Baptiste Say : Insondables mystères de l’économie.
- Sur l’Europe : L’Europe est-elle une communauté ?. Ma conclusion : l’Europe est, comme la France révolutionnaire, plus le fruit d’un idéal que d’une culture ; un plan à réaliser, qu'une culture à respecter. De ce fait ses membres ne sont pas ceux qui aiment ce qu'elle est, mais ceux qui désirent ce qu'elle sera.
- Sur la flexisécurité : Contre la participation de Laurence Parisot.
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