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mercredi 18 février 2009

À qui appartient le profit ?

Débat. Pour Nicolas Sarkozy, l’entreprise doit partager ses revenus avec l’employé. Pour Madame Parisot, le salarié a son salaire, l’actionnaire doit garder son dividende. À qui appartient le profit ?

Historiquement, l’entreprise et son profit ont eu différents propriétaires.
  1. Pour Marx le détenteur du capital (des machines) possédait l’entreprise et non celui qui y trimait.
  2. Galbraith identifie le mécanisme suivant : l’actionnariat des grandes entreprises s’éparpille et le pouvoir effectif se concentre chez un minoritaire, qui s’en sert pour dépecer l’entreprise. Progressivement une « technostructure » de salariés s’empare de sa direction. Sa stratégie est d'anéantir toutes ses dépendances : au marché (en orientant ses choix), au capital (en vivant sur fonds propres et en réduisant les dividendes).
  3. Années 80, managers et organismes financiers prennent le pouvoir sur l’économie. Ils adoptent le modèle que l'on m'a enseigné en MBA : l’entreprise doit se vider de ses ressources pour les distribuer à ses actionnaires et à son management (eux).
2008. Sans réserves, les entreprises s'effondrent.

Pour l’économiste Frank Knight, l’entreprise appartient à celui qui en porte « l’incertitude », c'est-à-dire la partie du risque qui n’est pas assurable. Sa rémunération est le profit. Toutes les autres parties prenantes n’ont pas accès au profit, parce qu’elles ne risquent rien : l’employé reçoit un salaire, l’investisseur la rémunération de son capital (un intérêt).
Logiquement, celui qui possède l'entreprise doit réinjecter le profit accumulé en cas de difficulté. Application : le modèle des années 80 n’a pas fonctionné parce qu’il n’a pas restitué à l’entreprise ce dont elle avait besoin pour passer la crise. Elle n’a plus de propriétaires. Nous avons vécu une ère de parasitisme.
Alors, à qui appartient le profit ? Ça dépend. Quelques cas particuliers :
  • Si les actionnaires ne sont pas prêts à aider l’entreprise en cas de difficultés, il ne leur appartient pas. Il appartient beaucoup plus à ceux qui prennent le risque de licenciement.
  • Si l’entreprise reprend son autogestion pré années 80. C’est l’entité globale qui assume le risque, personne en particulier, les managers sont à nouveau des salariés, les actionnaires des rentiers.
  • Dans le modèle de l’économiste Ricardo Caballero, c’est l’Etat qui porte l’incertitude, c’est donc lui qui prend en charge l’entreprise (L’Etat comme assureur de l’économie). C’est le modèle français d’après guerre.
  • Les partisans les plus orthodoxes de l’économie de marché ont, depuis toujours, assigné un rôle social à l’entreprise. L’entreprise existe parce qu’elle rend à la société un service que personne d’autre ne peut mieux lui rendre. C’est ce que disent aussi bien Frank Knight que Warren Buffett. Dans ce modèle, l’entreprise appartient, en fait, à la société, qu’il ne faut pas confondre avec l’État. L’entrepreneur n’en a qu’une charge provisoire. S’il finit sa vie avec un profit, il le restitue à la société (tradition des entrepreneurs anglo-saxons).
Compléments :

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