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vendredi 20 mars 2009

Irrationalité et industrie automobile

Une demande de référence d’un étudiant et le billet précédent me remémorent un autre exemple d’irrationalité du marché. Voici ce que dit un chercheur (Recomposition de l’industrie automobile ?) de la stratégie passée de l’industrie automobile mondiale :

il y a quinze ans, dirigeants d'entreprise et politiques se convainquaient que le salut passait par la réduction des coûts, la diversification de l'offre, l'accélération du renouvellement des produits, les plates-formes communes et l'investissement dans les pays émergents

C’est ce mouvement grégaire qui serait à l’origine de ses malheurs. Observations :

  • Ce qui caractérise l’économie n’est pas l’innovation débridée prévue par la théorie économique orthodoxe, mais un comportement moutonnier, qui peut être collectivement nocif. C’est un fonctionnement qui est propre aux groupes humains, et qu’un autre billet montre à l’œuvre à l’échelle de la planète (Apathie). Voilà une raison pour laquelle la théorie économique orthodoxe est fausse : à moyen terme (quelques décennies) le marché n’est pas rationnel. Par contre, à plus long terme, il doit se renouveler s’il ne veut pas crever (comme le dit le chercheur en question, l’industrie automobile doit se réinventer).
  • Cet exemple conforterait-il Joseph Schumpeter dans ses idées : la « destruction créatrice » est aussi efficace pour forcer l’entreprise à l’innovation que la concurrence parfaite de l’économie traditionnelle (que personne n’a jamais vue à l’œuvre sauf durant des périodes très courtes post déréglementation) ? Les temps d’ajustement de l’économie sont colossaux ; l’industrie peut ne pas savoir s’adapter (dinosaure), alors qu’il n’est pas certain que ce soit un bien pour la société. Un peu comme ce qui pourrait arriver à un savant génial, victime d’une attaque cardiaque et auquel on ne prêterait pas secours assez vite, les siècles de compétence accumulée peuvent être dissipés faute d’avoir su les remettre au goût du jour. La destruction peut être créatrice, ou destructrice.

Compléments :

  • Ces deux derniers billets reprennent une idée de ce blog : l’économie n’est pas une science ; pour le devenir elle doit tenir compte dans ses équations de la science qui en est une, à commencer par la sociologie, qui décrit le comportement de l’homme en groupe. (Voir L’économie n’est pas une science.)
  • SCHUMPETER, Joseph A., Capitalism, Socialism, and Democracy, Harper Perennial, 3ème edition, 1962.

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