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dimanche 2 août 2009

Crise et cancer

Depuis toujours on soupçonne un parallèle entre fonctionnement du corps et de la société. Peut-être avec raison me suis-je dit en écoutant David Servan-Schreiber, hier, dans une émission de France Culture. Voilà ce que j’ai retenu de la fin de l’émission (j’ai raté le début) :

  • Les cellules du corps essaient toutes de se développer au détriment de l’intérêt général, mais elles sont rappelées à l’ordre par le système de contrôle interne. Le cancer, c’est une cellule qui a réussi à tromper ce système. Cette description ressemble à celle de la crise : la crise comme cancer ?
  • La dépression. Elle a une utilité. Elle amène l’homme à se replier sur lui-même, à moins consommer, à remettre en cause ce à quoi il croit et à réinventer quelque chose de neuf. Ce qui aide l’homme à sortir de la dépression, c’est de lui faire entrevoir une vie différente (l’autre n’étant plus possible) mais très désirable.
Je me demande ce que la politique pourrait apprendre de la médecine. Vraisemblablement elle a le tort de ne travailler aujourd’hui qu’à la réparation de l’ancien système, alors qu’elle devrait s’atteler à chercher une nouvelle identité pour l’humanité, une nouvelle raison de vivre. Quant au cancer, doit-elle le traiter comme le fait la médecine ? Un régime de cheval qui détruit les cellules cancéreuses et tout ce qui a le malheur de se trouver autour ? Espérons pour les financiers que l’idée ne nous passera pas par la tête. Espérons aussi que nous trouverons un moyen pacifique de régler la crise, qui inspirera la médecine.

Compléments :

  • Sur l’utilité de la déprime humaine, et sur le tort que trop d’optimisme fait aux Américains : Stress américain.
  • La crise comme cancer rejoint la thèse de l’économiste Simon Johnson, et celle de Rousseau sur « l’égalité » : Crise : destruction destructrice. Il me semble que ce que l'Amérique appelle innovation est de plus en plus souvent une victoire de l'intérêt individuel sur l'intérêt général. Une manière de cancer.

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