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samedi 22 août 2009

Réforme de santé aux USA : cas d’école ?

B.Obama jugerait que le système d’assurance privé est inefficace. Il coûte cher et « en dix ans, les polices d'assurance santé ont augmenté quatre fois plus que le coût de la vie aux Etats-Unis. » Il assure mal : tout le monde ne peut pas s’offrir une assurance, et il refuse beaucoup de monde. Autrement dit le système d’assurance privé se comporte en monopole ! 

Solution : système public d’assurance entrant en concurrence avec le système privé, et le forçant à revoir ses pratiques et ses prix. On fait d’une pierre deux coups, baisse de coûts, meilleure qualité.

Résistance au changement

Ces mesures effraient :
  • Elles vont couler les assureurs privés, le privé étant contraint de faire des bénéfices n’est pas concurrentiel. (Le capitalisme serait-il moins efficace, économiquement parlant, que l’économie dirigée ?)
  • Opposition des 60 – 80 ans, une classe de votants décisive. Ils ont peur pour leur système d’assurance, qui fonctionne bien. Or, icelui-ci est essentiellement administré par l'Etat… Une explication alternative, la défiance vis-à-vis de l’équipe Obama : « Avec une nouvelle "caste" à la Maison-Blanche, ils se sentent dépossédés. »
  • La réforme heurte les valeurs américaines : « la famille, la non-intervention de l'Etat, le refus de toute contrainte collective » :
Une retraitée ne veut pas "payer pour une assurance qui remboursera les avortements". Une autre élargit l'enjeu : "Le problème n'est pas la santé. C'est la transformation de ce pays en une Russie, en pays socialiste."
Un homme récemment licencié, Ron Ammerman, 35 ans, se lève : "Je suis responsable de moi-même, pas des autres, dit-il. Je ne devrais pas avoir à partager les fruits de mon travail avec d'autres."
Sarah Palin (…) "Mes parents ou mon bébé trisomique devront comparaître devant le tribunal de la mort d'Obama, où des bureaucrates décideront s'ils sont dignes ou non de recevoir des soins."
"Un tel système serait l'incarnation du mal", dénoncent les adversaires de la réforme.
Amérique fondamentaliste

Le discours de Sarah Palin, mis dans la bouche du président iranien, effraierait. Or, le « tribunal de la mort d’Obama », c’est le système de santé des autres démocraties occidentales. Au fond, c’est le manque de logique qui est le trait commun de cette opposition : ne contredit-elle pas les principes du libéralisme financier (l’efficacité de l’entreprise), et ceux de la foi chrétienne (le partage et la solidarité) ? On n’est pas dans la raison, mais dans l’émotion.

L’Amérique, pays fondamentaliste, moins éclairé que les fondamentalismes qu’elle combat ? Pays le plus con du monde, comme disent les guignols de l’info ? Obama, crucifié pour avoir voulu faire le bien d'ingrats attardés ?

Eh bien, le changement, c’est toujours comme cela. Celui qui veut le changement a une raison imparable qui ne convainc personne. Et la résistance au changement s’exprime stupidement. Cas d’école de conduite du changement ?

Cas d’école
  • La résistance est légitime. L’organisation (la nation, ici) exprime maladroitement qu'elle craint que le changement démolisse ce qui fait sa force et son être = ses « valeurs ». (La cause de résistance étant aussi vieille que le pays, que l’administration Obama soit prise par surprise montre qu’elle est coupée des préoccupations du peuple. Représente-t-elle l’Amérique ?)
  • Ce qui bloque c’est la mise en œuvre. Les Américains sont probablement d’accord pour avoir une assurance santé meilleur marché et plus efficace, mais pas au prix d’une bureaucratie. Ce qui est refusé dans un changement, ce n’est presque jamais son objectif, c’est sa mise en œuvre. 
  • Le facteur clé du changement c’est son contrôle. Zéro leadership de l’administration Obama. Le président a demandé au Congrès d’écrire la loi. Le congrès ne pourrait qu’être d’accord avec ce qu’il aurait produit, n’est-ce pas ? Or, il accouche de trois propositions incompatibles. Le grand théorème du changement, c’est qu’il doit être contrôlé. Ceux qui doivent concevoir la mise en œuvre du changement (le Congrès) doivent être placés dans une « cocotte minute », de façon à ce que la dite mise en œuvre soit sûre de sortir. Pour cela, il faut une animation du changement. Et il faut se donner les moyens de défendre ce en quoi l’on croit. (Ici, la position des adversaires de la réforme, comme je le dis plus haut, peut être ridiculisée en s'appuyant sur les valeurs de l'Amérique.)
Compléments :

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