Point sur la question de la rémunération du conseil après à un débat qui s’est tenu on et off blog.
- Le conseil à obligation de moyens est payant. Hervé Kabla explique qu’il faut faire entrer le « conseil » que l’on veut donner dans une appellation que le marché a l’habitude d’acheter. Autrement dit, il faut faire du conseil un produit (= quelque chose dont, notamment, les coûts sont connus). Serge Delwasse illustre cette idée par l’exemple de la voyance, un type de conseil payant.
- Le conseil à obligation de résultat n’est pas payant. Alain Vaury remarque que l’entreprise qu’il dirigeait ne faisait pas payer les conseils de ses équipes d’experts, de très loin les meilleurs du secteur, la vente de produits payaient leurs services. Cet exemple se retrouve souvent : agro-alimentaire, chimie, contrôle technique… D’ailleurs, la réponse à appel d’offres des consultants est la partie fondamentale de la mission, et elle est gratuite. Il en est de même un peu partout. Dans ce cas, le conseiller dépense sans compter ; l’entreprise atteint la rentabilité en répercutant le coût du conseil sur ses produits.
- Jean-Noël Cassan dit prudence : les donneurs d’ordre ont pris l’habitude de recevoir le conseil gratuit, et d'acheter le produit au moins disant. D’ailleurs, on m’a dit que les acheteurs de l’automobile tendaient à faire circuler les réponses à appel d’offres de leurs sous-traitants. Bien entendu, une telle stratégie n’est pas durable, mais elle l’est suffisamment pour faire capoter quelques fournisseurs.
Les participants au débat retrouvent les arguments de MM. Arrow et Krugman (les économistes sont moins sots qu'on ne le pense ?) :
- Certains services obéissent à la logique du marché. Ils ont à la fois un prix et un coût bien définis.
- D’autres non. Ils apportent des bénéfices « incalculables », mais les coûts qu’ils entraînent le sont aussi. Ils ont une logique que ne comprend pas le marché. Par exemple celle de l’échange de services. Cette logique a ses lois (exemple : lien à long terme entre les « contractants » pour éviter l’effet de JN.Cassan), qui ne sont pas incompatibles avec celles de l’économie (financièrement, tout le monde s’y retrouve).
Compléments :
- Pour K.Arrow, dans son étude du secteur médical, l’équivalent du conseil à obligation de résultat - urgences, hôpital en fin de vie…- est gratuit pour le patient, le médecin étant rémunéré par un salaire. Le praticien du secteur privé, lui, vend un « produit », qui est une visite durant laquelle il fait subir une procédure prédéfinie à son client. Kenneth J. ARROW, Théorie de l'information et des organisations, Dunod, 2000. (Chapitre : Incertitude et économie du bien être des soins médicaux.) Sur MM. Arrow et Krugman : Le marché nuit gravement à la santé.
- En fait, ce n’est pas tel ou tel donneur d’ordre qui est fiable, mais telle ou telle culture (qui inclut client et fournisseur) : un ancien employé de Michelin a tenté de vendre ses secrets à un concurrent japonais, ce dernier à immédiatement alerté Michelin (Comment l'espion de Michelin a raté son coup).
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