Pages

mardi 24 janvier 2012

Parasitisme et principes du capitalisme

Une histoire vraie :

Pratiques d'un métier : pour savoir concevoir un produit il faut le fabriquer ; l’effort nécessité par l’acquisition du savoir-faire de conception est rémunéré par une prime sur la production du dit produit. Un donneur d’ordre a l'idée de confier la conception à des fournisseurs qui en ont le savoir-faire mais la production à des fabricants sans valeur ajoutée. Il a donc les bénéfices du savoir-faire des premiers, sans le payer. Ce qui n’est, bien sûr, pas durable.

Je me demande s’il n’y a pas ici un procédé qui est au cœur de ce que les financiers appellent « l’arbitrage » et qui est supposé conduire à un marché parfaitement efficace.

La société humaine suit des règles, qu’elle a établies au cours des ans, et qui assurent sa survie. Par exemple, un café-restaurant répartit ses coûts sur les prix qu’il pratique en fonction de ce qu’il connaît du comportement du marché (produit d’appel – le café, le menu – pas cher, suppléments – alcool – à grosse marge). Mais, en les exploitant habilement (rester des heures dans un café pour le prix d'un café), il est possible d’en tirer un bénéfice immédiat.

Pour éviter d’être victime de ce phénomène d’autodestruction, la société humaine doit donc changer ses règles en permanence. L’arbitrage ne serait donc pas un phénomène qui la rend efficace, comme l'affirment certains économistes, mais, au contraire, un jeu du gendarme et du voleur qui lui coûte cher. Les bénéfices de l’arbitrage ne seraient rien d’autre que ceux d’être asocial en société.  

Compléments :
  • Et si l'on était ici en face du problème de confiance - et de son coût - soulevé par Dominique Delmas ? Une société qui ne repose que sur la loi est une société qui perd son temps et son âme à chercher à la détourner ?
  • Depuis longtemps, je suis intrigué par la capacité qu'ont les Anglo-saxons, qu'il s'agisse de rugby ou de guerre de cent ans, pour trahir l'esprit des jeux auxquelles ils jouent. Je me demande si ce n'est pas un des principes du (ou de leur) capitalisme : Perfide Albion
  • Des économistes extrêmement prestigieux semblent penser que le LBO « redistribue » la valeur, plutôt qu’il ne l’a crée. Curieusement, ils reprennent exactement l’argument de ce billet (que j'avais écrit bien avant de découvrir ces idées...). Pour eux le fonds de LBO s'enrichit en dissolvant l'organisation sociale qu'est l'entreprise. Il y parvient en
    Rompant un contrat implicite entre employés, fournisseurs et autres parties prenantes de l’entreprise. (Breach of Trust - NYTimes.com)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire