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mardi 3 janvier 2012

TVA sociale (suite)

J’entends France culture dire, ce matin, que tout le monde est contre la TVA sociale.

Les syndicats : augmentation du coût de la vie ; un économiste : le problème n’est pas là, nos coûts salariaux ne pourront jamais rattraper ceux des pays émergents ; un autre économiste : le problème n’est pas là, les PME n’investissent pas.

Tout ceci, affiché péremptoirement, me semble singulièrement idiot.
  • L’augmentation de la TVA ne signifie pas une augmentation mécanique des coûts à la consommation, puisque les prix hors TVA peuvent baisser. (L’effet recherché est en partie de rendre les entreprises françaises plus compétitives à l’export, ou elles ont perdu énormément de part de marché – face à des pays comparables.) On peut imaginer que l’action de la TVA peut être orientée de façon à ce qu’elle ait un effet nul, ou positif, sur les défavorisés.
  • La France est relativement peu performante, mais pas totalement ridicule. Il semble logique qu’une légère amélioration de sa compétitivité accroisse nettement ses résultats. C’est d’ailleurs le chemin qu’a suivi l’Allemagne. En outre, si j’en crois Paul Krugman, le moteur de la crise de l’euro est la perte de compétitivité des coûts salariaux du sud de l’Europe par rapport à ceux de l’Allemagne.
  • L'entreprise française semble effectivement avoir un problème d’investissement, à un moment où il est difficile de trouver de l’argent, mais la TVA sociale peut être un moyen, justement, de trouver de l’argent lorsqu’il n’y en a pas.
Sophismes ? L’opposition fait-elle passer son intérêt particulier avant l’intérêt collectif ?

Ce qui manque là dedans est une discussion des objectifs du plan. Quel est notre problème majeur ? L’emploi ? La dette ? L’assèchement du financement des entreprises ? Que faire pour le résoudre ? Relancer l’économie, remettre en marche les entreprises, ce qui peut recréer de l’emploi et raboter la dette ? Quelles sont les solutions proposées pour ce faire ?...

Pourquoi le gouvernement n’attaque-t-il pas la question sous cet angle ? Il nous croit incapables de comprendre ? Il a quelque chose à nous cacher ?... 

3 commentaires:

  1. Vivant en Espagne, je ne baigne pas dans ce débat et je le vois de loin. Mais je suis sensible à ton dernier commentaire sur la communication gouvernementale atour de l'objectif de cette initiative : on a souvent l'impression qu'en France les gouvernements n'osent pas prendre le peuple de front, les yeux dans les yeux pour lui dire : "Oui, il faut changer et cela va demander ces efforts".

    Changer, ça demande un effort, non ? Alors pourquoi nous rouler dans le coton en permanence ?

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  2. Je ne sais pas.
    Bien sûr depuis l'Ancien régime, le gouvernement procède comme cela. Mais nous avons fait du chemin depuis.
    Quelqu'un me disait que de très hauts fonctionnaires lui avaient expliqué que le Français était incapable de changement, que la seule chose qui était possible en France était d'augmenter les impôts.
    Peut-être nous prend-on pour des imbéciles?
    Peut-être aussi que les mesures proposées ont des effets secondaires qui ne sont pas bons pour certaines classes de la population et que l'on préfère passer sous silence?...
    Mystère.
    En tout cas les gouvernements grecs et italiens semblent communiquer plus honnêtement que le nôtre...
    Comment agit le gouvernement espagnol?

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  3. Le gouvernement socialiste espagnol a été très critiqué en 2009 pour avoir minimisé l'existence d'une crise (qui, il est vrai, a touché l'Espagne un plus plus tard). Mais ensuite, les salaires des fonctionnaires ont été réduits de 5% et les indemnités de licenciement ont été fortement réduites pour certains contrats. Résultat dans la rue : 1 jour de grève générale, avec service minimum (je suis allé travailler sans problème). J'ai ressenti un fort dépaysement :-)

    Le gouvernement Rajoy s'apprête à augmenter les impôts - le plus facile. Reste à voir comment il va réduire les dépenses. Et comment il pourra contraindre les régions à baisser les leurs, dans certains cas considérables.

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