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dimanche 8 avril 2012

City of London

Histoire de la City de Londres. Une version abrégée en seulement 600 pages du livre de référence : KYNASTON, David, City of London, Chatto et Windus, 2011. Voici ce que j’en retiens, sachant que le monde de la banque m’est peu familier.

Vie et réincarnation

La City de Londres résulte d’une initiative privée étonnante pour un Français. À la fin du 16ème siècle, Londres est une des principaux marchés mondiaux. Les marchands anglais font du commerce partout sur la planète et ont besoin de crédits pour cela. Certains acquièrent donc une fonction financière. Ils transforment leur entreprise en une « merchant bank ».

En 1694, ils créent la Banque de Londres (d’Angleterre). C’est un organisme à but lucratif, qui fait du réescompte. Elle va rapidement avoir pour rôle de garantir le respect des règles de bonne conduite du « club ». Tout aussi rapidement, elle aura à sauver ses membres des crises qui les secouent périodiquement. En même temps apparaît le premier assureur, la Lloyds (1691). Le Royal Exchange est établi en 1570.

L’histoire de la City connaît plusieurs épisodes remarquables. Lors des guerres napoléoniennes, elle accueille les financiers du continent (essentiellement juifs allemands), qui n’arrivent plus à y travailler. Ils vont monter le système de financement des guerres contre Napoléon. À partir de là, l’Angleterre sera liée par une dette de plus en plus élevée à la City. Cela expliquerait que, bien vite, la classe dominante y ait vu son intérêt et se soit alliée aux financiers.

À partir de maintenant, la City va aider les nations à emprunter, généralement pour faire la guerre.

Dans l’entre-deux guerre, elle participera, avec grand entrain, à la reconstruction de l’Allemagne. Et ce d’autant plus volontiers que beaucoup de ses banques sont anglo-allemandes.

La City s’est constituée comme le centre financier de la première puissance mondiale. La Livre est la monnaie d’échange internationale. En 1918, les USA dominent le monde. La City se replie sur l’empire britannique. Mais après la seconde guerre mondiale son avenir semble bouché. C’est alors qu’elle a un coup de génie.

Le dollar étant monnaie de réserve, les nations en ont grand besoin. La City réalise que beaucoup de dollars ne sont pas aux USA. Et qu’il est donc possible d’organiser des emprunts en dollars hors des États Unis (Eurodollar). Coup de chance, le gouvernement américain décide au même moment de limiter les emprunts qui peuvent être faits sur son territoire.

La City redevient la plaque tournante de la finance mondiale. Les plus grandes banques s’y installent d’ailleurs. Elle a trouvé sa vocation ? Elle est une zone franche, une sorte de station pirate, qui tire profit d’être hors des eaux territoriales, surtout de la zone euro.

Mais, cette transformation lui a fait perdre son âme. Le club est mort. Peu brillants mais risquant tous les jours leur argent, ses membres se connaissaient tous, et ils étaient chaperonnés par la Banque d’Angleterre. Seule une morale des affaires rigoureuse y était possible. La City est maintenant faite de « supermarchés » de la finance peuplés de surdiplômés drogués au bonus, qui ne communiquent qu’avec des ordinateurs. C’est un univers fermé qui ne voit le monde que par le prisme de l’argent. Signe des temps ? La banque Barings, héros du livre qu'elle parcourt de bout en bout, est victime d'un Kerviel anglais. (La banque a été fondée en 1762, par un immigré allemand.) Et la très arrogante Lloyds est prise en flagrant délit de malversations. 

La Banque d’Angleterre

Pendant longtemps, la Banque d’Angleterre a été la clé de voûte de l’édifice.

Elle a inventé le métier de banque centrale. Elle a vite cru possible de monter une fraternité de banquiers centraux qui assurerait le bonheur du monde, et le protégerait des impérities des démocraties. C’est ainsi qu’elle a contribué avec enthousiasme à la reconstruction de la puissance allemande entre les deux guerres.

Puis elle a été rattachée à l’État anglais, et à nouveau rendue indépendante.

La force de la City

Qu’est-ce qui fait la force de la City ?

Surtout le talent étranger. En premier lieu celui des Juifs allemands. Trois en particulier : Nathan Rothschild (qui fait de Londres la plaque tournante du marché des capitaux internationaux), Cassel et Warburg (Eurodollar).

Ensuite, elle dispose d’une très grande liberté. Elle est exceptionnellement peu réglementée. C’est une sorte d’État dans l’État.

Enfin, la globalisation est son sang. Sans elle, elle dépérit. C'est d'ailleurs ce qu'elle a fait de 1914 aux années 60.

La City et l’Angleterre

Curieusement, il ne semble pas qu’on lui en ait voulu d'avoir été le financier de la puissance allemande, à la fois avant et après la première guerre mondiale. Mais, très rapidement, on lui a reproché de ne pas financer l’industrie nationale. On dit, d’ailleurs, d’elle que c’est un « casino ». Sa vocation n’est pas d’alimenter l’économie, mais de s’enrichir par des coups. Pire, dans les dernières décennies, elle s’est mise à spéculer ouvertement contre les intérêts de l’Angleterre. Ainsi, en 1992, George Soros gagne 1md$ en une journée en jouant la sortie de la Livre du Système Monétaire Européen.

Jusqu’à Tony Blair elle a été en guerre ouverte avec les Travaillistes. Et Margaret Thatcher ne l’appréciait guère.

Mais la City est elle encore anglaise ? Ou est-ce une forme de pavillon de complaisance pour les financiers mondiaux les plus agressifs ? Un nid d’aigle d’où ils lancent des razzias sur les campagnes environnantes ?

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