Parmi les paradoxes de ma vie, il y a celui de l’évaluation
des formations. Car, si les participants à la formation m’évaluent, cela ne
signifie-t-il pas qu’ils sont plus compétents que moi, qui ai consacré mon
existence au changement ? Quelques réflexions sur la question :
Qu’attendre d’un
cours de conduite du changement ?
J'en suis arrivé à la conclusion que le participant à une formation doit se percevoir comme un
champion sportif. Car ce sera à lui de conduire le changement, et à personne
d’autre. Le formateur a le rôle de l’entraîneur. Il doit aider le champion à
trouver des techniques qui lui conviennent et qui vont le faire gagner. La
mesure ultime de l’efficacité d’un formateur / entraîneur est donc : m’est-il
utile ? (Cette efficacité est relative : un entraîneur peut convenir à un champion
et pas à un autre.) Quelques sous-objectifs que je crois importants :
- Ai-je compris les (quelques) causes d’échec du changement ?
- Ai-je une idée claire des facteurs de succès d’un changement ?
- Ai-je envie d’expérimenter pour apprendre ?
Que ne faut-il pas
attendre d’un cours de conduite du changement ?
La littérature du changement appelle les personnes qui
savent conduire le changement des « leaders ». Cette compétence, rare, est le
fruit de l’inné et de l’acquis. Or, l’homme ne peut pas changer sa nature. a fortiori ce miracle ne va pas se produire durant un cours.
Par contre, l’homme peut « changer sans changer » : il lui
suffit de faire comme le tennisman dont le revers est faible et qui se place
sur son coup droit. Autrement dit, si une formation ne va pas transformer une
personne en leader du changement. Mais elle peut l’aider à trouver ce qu’elle fait
déjà bien et l’encourager à, dorénavant, utiliser systématiquement, et à
développer, cette compétence.
En particulier, apprendre à conduire le changement, c’est
avant tout identifier des gens qui sont doués pour cela et travailler avec eux.
Il n’est pas besoin d’être soi même un leader du changement.
Un autre critère d’évaluation d’une formation pourrait donc être :
- Ai-je pris conscience de mes forces et de mes faiblesses ?
- Suis-je capable de mieux utiliser qu'auparavant mes caractéristiques propres ?
Le paramètre temps
dans une évaluation
Une erreur commune est de croire que l’on va sortir d’une
formation en sachant comment résoudre tous les problèmes de la terre. Mon expérience me montre qu’une bonne formation est meilleure pour
expliquer ce qui n’a pas marché, que pour guider l’action. D’ailleurs, c'est souvent lorsque j'ai voulu démontrer que ce que ce que l'on m'enseignait ne fonctionnait pas, que je l'ai réellement appris !
L’apprentissage se fait ainsi : expérimentation pratique,
échec, explication de l’échec, réussite, validation du savoir par la réussite. D’où
une dernière idée d’évaluation d'une formation :
- M’a-t-elle amené à expérimenter, à prendre des risques ?
- M’a-t-elle donné les outils qui m’ont permis d’interpréter mes échecs ?
Vouloir apprendre et non juger
Dans ma vie d'élève, j’ai été mécontent de la majorité de mes
enseignants. J’ai compris, des années plus tard, que j’avais eu tort. Ils n’étaient
peut-être pas de bons pédagogues, mais ce qu’ils disaient était
important. D’ailleurs, ceux qui étaient à mon goût étaient généralement ceux
dont j’étais prêt à avaler le cours coûte que coûte.
Mais, il y a eu aussi des enseignants qui m'ont séduit et qui se sont révélés vides,
à long terme. Essentiellement les Américains. Pourquoi ? Parce qu’aux
USA, l’élève est un client et qu’il faut qu’il soit heureux. Du coup, le cours
est, souvent, un show. Danger : qu’il ne soit qu’un show.
Et si c'était l’élève qui faisait le professeur ? S’il
a soif d’apprendre, il a d’énormes chances de réussir. S’il veut juger, il se
condamne soit au mécontentement, soit à se faire abuser.
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