Les nouvelles techniques d’imagerie montrent que presque
tout ce que l’on croyait sur le cerveau est faux. Comme le dit Dominique, notre
cerveau est éminemment malléable et social.
C’est une très bonne nouvelle. D’abord, parce que même avec
une fraction de cerveau l’homme peut se réinventer. Ensuite parce que la
société est en elle-même une forme de thérapeutique, et que rétablir entre nous
un lien social sain ferait probablement cesser une des grandes souffrances de
notre temps.
Le cerveau, en fait, n’arrête pas de se détruire et de se
reconstruire, de se recâbler, en réaction aux stimulations de son environnement.
L’homme est conçu pour entrer en résonnance avec ses proches. Il est empathique,
et même altruiste, par nature. Mieux : le nourrisson sculpte son cerveau
par imitation. Mais cela est aussi une raison de racisme : la notion de « nous
et les autres » apparaît très tôt dans nos têtes. Et aussi d’indifférence :
nous éprouvons de la souffrance avec l’autre, et voulons la faire cesser. Si
c’est impossible, il nous faut nier la cause de nos maux.
Il semblerait qu’il y ait une forme de gymnastique du
cerveau, « apprendre, aimer, agir,
méditer rend vigoureux nos neurones et leurs synapses ». Gymnastique
continue et répétée. Attitude critique : la curiosité. Car le neurone qui
ne sert pas crève. La médiation serait-elle une forme de curiosité ? Elle
renforce optimisme et système immunitaire. Et attention à garder une bonne condition
physique : le corps sain est nécessaire à l’esprit sain. Et
réciproquement : être gentil et détendu guérirait des crises
cardiaques ! Et les gens ayant une vie conforme à leurs désirs ne
développeraient pas Alzeimer…
Le sujet est extraordinairement passionnant, Patrice van
Eersel écrit fort bien, et pourtant ce livre m’a frustré, dès son troisième
chapitre.
Tout d’abord, il est un peu répétitif : ses interviewés
tendent à dire la même chose. Ensuite, je les trouve peu convaincants quand ils
s’éloignent de la science et s’aventurent dans des considérations plus ou moins
philosophiques. En particulier, la théorie sur le mimétisme de J.M. Oughourlian,
nous désirons ce que l’autre a, semble capable de prouver tout et son contraire.
Je trouve aussi que leur amour de la médiation et des moines de toute espèce a
quelque chose de mécanique, et d’un peu ridicule. On en arrive à juger le moine
à son nombre d’heures de médiations, comme un pilote d’avion ! Finalement,
je goûte peu leur critique désabusée de la société moderne. Cette critique (et
leurs nombreuses retraites) me paraît une excuse confortable pour l’inaction,
un coupable manque d’empathie.
(C’est aussi un des reproches que je fais à Konrad Lorenz,
le copain de Dominique : j’aurais préféré qu’il critique moins notre
société, et qu’il se demande plus en quoi les théories dont il était si fier
alors qu’elles étaient liées au nazisme, avaient pu pêcher. Ce faisant, il
aurait certainement produit de grandes découvertes.)
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