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jeudi 7 février 2013

Mariage pour tous et limites de la démocratie française

Mariage pour tous. Un chroniqueur de France Culture s’en prenait ce matin à la droite parlementaire. Il lui reproche de passer beaucoup de temps à parler de ce que signifie père et mère, et de ne pas suivre l’exemple de l’Angleterre, qui a voté le texte en 6h. En outre, il y aurait un débat sur twitter entre députés, une participation du grand public, 5m de comptes twitter en France, bref, une vraie démocratie.

L’inanité de l’argumentation m’a sorti de ma torpeur. Car, oui, il est important de discuter de mots. Si ce nouveau texte est en passe de redéfinir les fondements du droit français, autant en mesurer les conséquences et passer du temps à en contrôler les effets. L'histoire de la pensée humaine, d’ailleurs, n’est qu’une discussion sur le sens des mots. Confucius, par exemple : 
Zilu : « à supposer que le prince de Wei compte sur vous pour l’aider à gouverner, que feriez-vous ? Le maître : « une rectification des noms, sans doute (…) si les noms sont incorrects, on ne peut pas tenir de discours cohérent. Si le langage est incohérent (…) le peuple ne sait plus sur quel pied danser (…) l’homme de bien n’use des noms que s’ils impliquent un discours cohérent, et ne tient de discours que s’il débouche sur la pratique. » (Cheng, Anne, Histoire de la pensée chinoise, Seuil, 2002.)
Cette loi qui semblait un non événement me paraît maintenant soulever des questions critiques. La première étant les vices du système démocratique français. Pour éviter l’instabilité de la France, de Gaulle nous a donné une constitution monarchique. A moins d’une révolution de rue, une telle constitution laisse passer n’importe quelle loi, si elle est portée par la majorité de l’assemblée (qui, d’ailleurs, représente une minorité). Ne faudrait-il pas, pour certaines lois, exiger une « super majorité » à l’américaine, pour forcer les partis politiques à s’écouter ?

Dans ces conditions, d’un succès assuré, l’attitude de la gauche est paradoxale. Elle recourt au sophisme. Elle refuse le débat et veut contraindre, par l’intimidation, l’opposition à se taire. Cette précipitation pose une question inquiétante : et si la raison d’être de ce texte, apparemment innocent, était de procéder à une transformation bien plus fondamentale de nos lois ?

(Au passage, l’histoire de twitter est un nouveau sophisme : moins de 50% des comptes twitters sont actifs, et encore, « actif » signifie utilisé au moins une fois en 3 mois… décidément, la définition des mots est importante. La gauche se sentirait-elle menacée parce que son pouvoir vient de leur manipulation ??)

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